jeudi 24 mai 2012

Paul Gégauff, vous avez dit Paul Gégauff ? #4

- Gégauff, c'est donc ça : les plus belles actrices du monde d'avant ? BB, Stéphane, Jacqueline, Romy ? Les filles, toujours les filles, tu n'en sors pas ! Tu t'étonneras, après, que à gôche et à droite, on ne te prenne pas au sérieux !
- A droite, ils ne connaissent plus Cécil Saint-Laurent ; à gôche ils n'ont rien de Roger Vailland ...
- Il n'y a pas que le style, l'alcool, les volutes, la dolce vita et les belles apparitions, dans la vie !
- Il n'y a, justement, que ça dans la vie.
- Tu finiras seul, toi !
- Je finirai au soleil en bord de mer ou en terrasse avec miss K, quelques camarades précieux, avec Paul Gégauff et les plus belles actrices du monde d'avant, avec aussi une poignée d'hommes élégants qui, tous, ont usé des mots de Gégauff comme d'une arme de précision contre la laideur à l'oeuvre :




vendredi 18 mai 2012

C'est encore plus beau quand c'est introuvable (Petit abécédaire snob des auteur à (re)éditer #2)


Après Gretchen Moll, échappée de Forever mine de Paul Schrader (c'était ici : http://braconnages.blogspot.fr/2012/05/petit-abecedaire-snob-des-auteurs.html), c'est au tour de quelques héroïnes de la très bukowskienne série Californication, signée Tom Kapinos, de souhaiter nous faire part de leur petit abécédaire snob d'auteurs à lire et relire, cet été, en terrasse. Espiègles comme on peut le deviner, elles se sont amusées avec les livres en français, en anglais, avec des articles de presse, avec des pseudos. Les héroïnes, on le voit, sont irrésistibles ...
A
Arrabal Fernando
Audiard Michel
B
Boutang Pierre
Bostel Honoré
Bertrand Philippe
Bulteau Michel
Baby Yvonne
C
Chany Alain
Clément Paul
Cau Jean
Carella Philippe
D
Duhamel Betty
Duval Roland
Dutourd Jean
EF
Fallet René
Férou Michel
Franc Régis
G
Guégan Gérard
Galey Matthieu
Georges Jean-Pierre
Grall Xavier
H
Hardellet André
Hemsay Gilles
IJ
Jimenes Paul
Jay Salim
Janowitz Tama
KL
Labattu Laurent
Lafargue Freddie
Le Braz Yves
Lainé Pascal
M
Michel François
Monréal Guy
Musso Frédéric
McInerney Jay
N
Nagy Thomas
Norrit France
O
Ollivier Eric
P
Peyrefitte Roger
Parturier Françoise
Pilhes René-Victor
Pieyre de Mandiargues André
QR
Rivoyre (de) Christine
Rollin Jean
Roulet Dominique
Rochefort Christiane
Raphaël Maurice
S
Saint-Père (des) Guy
Serguine Jacques
Sigurd Jacques
Spens (de) Willy
Sagan Françoise
Schrader Paul
T
Tailhade Laurent
UV
Vilmorin (de) Louise
Vincentanne Stéphane
Varenne Albéric
Vandromme Pol
Vinneuil François
Veyron Martin
WXYZ
Wolfromm Jean-Didier

mercredi 16 mai 2012

Paul Gégauff, vous avez dit Paul Gégauff ? #3

Alors que le Festival de Cannes déroule son tapis rouge et que nous regrettons les starlettes, rappelons que Paul Gégauff a offert ses mots aux plus belles héroïnes, que sa langue fut un peu de rouge sur leurs lèvres :


lundi 14 mai 2012

Petit abécédaire snob des auteurs à (re)éditer


A
ADG
Astruc Alexandre
B
Bany Jean
Barokas Bernard
Benthey Pierre
Berl Emmanuel
Blier Bertrand
Bory Jean-Louis
Brenner Jacques
C
Caviglioli François
Clémentine Guillaume
Companeez Nina
Curtis Jean-Louis
D
Dangerfield Yves
Daudet Léon
Dunne Dominick
E
Enard Jean-Pierre
Errer Emmanuel
F
Fermaud Michel
Frank Christopher
Frédérique André
Freustié Jean
G
Gégauff Paul
Godard Agathe
Gravier Jean-Michel
H
Haedens Kleber
Hallier Jean-Edern
Hecquet Stephen
Héduy Philippe
Hocquenghem Guy
IJ
Jardin Pascal
K
Kast Pierre
L
Larcône (de) Sunsiaré
Laurent Jacques
Lesou Pierre
Limonov
M
Mardore Michel
Moore Pamela
Moussy Marcel
N
Néron Claude
Nimier Roger
O
Ory Pascal
P
Page Alain
Paraz Albert
Perret Jacques
Pierre José
Prévost Walter
Q
Quadruppani Serge
R
Raucat Thomas
Régnier (de) Pierre
Ronet Maurice
Roux (de) Dominique
S
Saison Olivier
Scutenaire Louis
Séchan Thierry
Serp Guillaume
Sternberg Jacques
T
Tellenne Eric
Tinan (de) Jean
Toulet Paul-Jean
U
Urbain, Ismaïl
V
Vadim Roger
Vedrès Nicole
Vern Nicolas
W
Weyergans François
Willy
XYZ
Ylipe
Zucca Pierre

jeudi 10 mai 2012

"Didier Dénonce" a un prix ...


On est heureux de saluer les éditions du Cherche-Midi, qui viennent de se voir attribuer le prix Goncourt de la Nouvelle pour L’espoir en contrebande de Didier Daeninckx.
D’abord parce que Le Cherche-Midi est généralement absent des prix importants et qu’il n’est pas mauvais que les trophées soient partagés.
Ensuite parce que c’est une maison au catalogue de très grande qualité. On y trouve ainsi les romans blondinesques et flâneurs du poète Jean-Claude Pirotte – dont il faut lire le dernier recueil, Ajoie, à la Table Ronde -, un petit bijou au noir de l’ami François Marchand – Plan social -, des pensées de Jean Yanne et de Bernard Frank, Arrabal se baladant chez Houellebecq, des chroniques d’Eric Zemmour et des fonds de tiroir de Didier Daeninckx, inoubliable héros d’un texte hilarant de Patrick Besson : Didier Dénonce.
On s’étonne d’ailleurs que le sympathique DD cohabite au Cherche-midi avec Zemmour, avec lequel, politiquement, il ne doit être d’accord sur rien. Le désaccord, DD n’aime pas. Quand la langue d’un autre écrivain lui défrise la barbiche, il a trouvé le moyen imparable pour le punir : il l’accuse de fascisme, l’interdit de parole publique et intime l’ordre à ses éditeurs de le faire disparaître : soit l’écrivain reste et DD met en accusation l’éditeur à la face du monde, soit DD est écouté et tout va bien. DD a toutefois la dénonciation sélective : il n’a, en  effet, jamais demandé à Antoine Gallimard de biffer, par exemple, Lucien Rebatet du catalogue ; il n’a pas menacé, non plus,  de ne plus publier chez Gallimard à cause de la présence de Louis-Ferdinand Céline. Le courage idéologique de DD sait tenir compte de la possibilité de ses ventes.
Dans les années 90, DD connut son heure de gloire de balance des lettres : il avait perçu dans les mots de quelques auteurs de talent une menace pour la démocratie. Le complot rouge-brun fit beaucoup de mal, avant de faire plouf. Ayant stoppé trop brusquement ses séances de psychothérapie, DD attaqua plus tard furieusement des auteurs tels que Serge Quadruppani, Gilles Perrault ou Gérard Delteil, les traitant pêle-mêle d’antisémite, pédophile, nazi dans le métro, colonialiste, truqueur ou négationniste. Michel Audiard, quelque part, a dû rigoler : « Les cons, ça ose tout, c’est à ça qu’on les reconnaît ». DD n’étant pas un chien, il ne fut pas piqué : des juges le condamnèrent pour diffamation et sa folie de commissaire politique aux questions littéraires en fit un grand malade à soigner, de loin. Il semblerait pourtant que DD bouge encore, dans l’ombre. Il continue à interdire tel auteur de publication, minuscule caïd protégé par une poignée de ratés de la langue française.
On comprend donc, enfin, qu’on puisse être très heureux de voir le prix Goncourt de la Nouvelle attribué au Cherche-Midi et à Didier Daeninckx. A l’heure où la publication de Drieu la Rochelle en Pléiade semble révulser certains, où Renaud Camus – qui pense mal et écrit bien – se voit interdit d’édition, il est bon de savoir qu’un écrivain fanatique de l’épuration, des procès d’intention, de la censure, de la calomnie la plus dégueulasse peut, malgré tout, être mis à l’honneur.

mardi 8 mai 2012

Paul Gégauff, vous avez dit Paul Gégauff ? - #2

A une éditrice simplette, à vocation universitaire pourtant, qui demandait "Mais qui est Paul Gégauff", il aurait fallu répondre par une énumération, belle comme une rafale de style et de dolce vita :
Paul Gégauff, c'est Plein Soleil de René Clément ;


Paul Gégauff, c'est Les Cousins, A double tour, Les Bonnes femmes, Les Godelureaux, Les Biches, Que la bête meure, Docteur Popaul, de Claude Chabrol ;


Paul Gégauff, c'est Le signe du Lion de Rohmer ;


Paul Gégauff, c'est Week-end de Godard ;


Paul Gégauf, c'est More et La Vallée de Barbet Schroeder ;

Entre autres ...

La politique est un travail de nègre


Un texte qui a plu à François Cérésa, notre camarade de Service littéraire, dont le prochain numéro sort la semaine prochaine ...
Parce que de Gaulle et Mitterrand avaient un brin de plume et “une certaine idée de la France”, parce que Pompidou citait Paul Eluard après le suicide de Gabrielle Russier, chaque histrion politique de droite ou de gauche se veut aujourd’hui écrivain.
Ils sont, paraît-il, quelques-uns à rédiger eux-mêmes leurs textes: Mélenchon, Dupond-Aignant, Bayrou. On le devine facilement pour Mélenchon, dont le verbe a allumé la mèche de la révolte dans Qu’ils s’en aillent tous ! et qui propage l’incendie à la tribune de chacun de ses meetings. On peut l’admettre avec Dupond-Aignant, homme d’idées malheureusement pourvu d’un Bic de plomb. On a très envie, par contre, de conseiller au Bayrou de La France solidaire, qui hésite entre le statut de paysan béarnais et celui d’ancien prof de lettres, de se retirer dans sa ferme et trouver le nègre sachant mettre en forme sa prose bégayante.
Revue d’effectifsQuand il n’est pas présent, le nègre mériterait souvent d’être appelé. Quand il oeuvre dans la très grande vitesse, il est l’oublié de couvertures où paradent des pantins qui, sous les sunlights, affirment volontiers : “J’ai pensé que ...”, “J’ai écrit que ...”, “J’ai voulu dire que ...
Il est vrai que le lyrisme pompier de Villepin est très aisé à pasticher. Il est vrai aussi que même un adolescent neuneu peut imaginer ce qui se passe derrière les lunettes, vertes ou rouges, d’Eva Joly, ce qui évite de fouiller de trop l’extrême dureté de l’ancienne magistrate. Il est vrai, enfin, que Marine Le Pen n’a pas à se perdre en remerciements quant à son Pour que Vive la France : une bibliographie suffit, un disciple anonyme d’Alain Soral ayant compilé pour elle des citations de Bernanos, Michéa, Todd, Montesquieu ou Orwell qui, tous, n’ont jamais désiré servir de prothèse cérébrale à un FN à l’encéphalogramme plat.
Le Président et les écrivains
Le plus drôle, comme toujours, est le Président Sarkozy.
Lecteur historique de Marc Lévy et, très récent, de Sagan, il voulait son livre. Il s’installa à son bureau et griffonna quelques feuilles, qu’il montra à Emmanuelle Mignon, dame patronesse revenue de chez Luc Besson.

_ T’en penses quoi, Emmanuelle ? C’est génial, non ?
_ Dreyer, c’est obligé ? Tu devrais centrer sur le projet, Nicolas.
_ Ca m’emmerde et tu m’emmerdes. T’as qu’à le faire, toi. Moi, j’suis crevé.

Le livre n’a pas vu le jour, remplacé par une Lettre aux Français. Sur le coup, le Président Sarkozy aurait bien fait de s’inspirer de Changer de destin de François Hollande, du soin apporté dans le choix du nègre, Aquilino Morelle, puncheur à la très bonne gauche. Le Président Sarkozy, surtout, aurait dû lire quelques auteurs travaillant au plus près du réel de nos tristes jours. Deux ouvrages et une revue lui auraient donné le goût du style, c’est-à-dire le goût de la France : Il faut qu’il parte de Sébastien Lapaque, réédité en poche avec une préface à la grâce assassine ; La France de Nicolas Sarkozy de François Taillandier où la beauté d’une langue et d’un esprit sauve, un peu, l’immonde ; et Charles, trimestriel dirigé par Arnaud Viviant, qui imagine un gouvernement des écrivains où l’on retrouve, notamment, Frédéric Beigbeder à la Culture, Flore Vasseur à l’Economie et la charmante Bénédicte Martin à la Condition féminine.
L’élection passée, on peut espérer que monsieur Sarkozy, de retour à Neuilly, aura le temps de s’offrir ces plaisirs de lecture.

dimanche 6 mai 2012

Toulet, Régnier, Tinan - Des hommes élégants #1


Les femmes et jeunes filles, peu vêtues, souvent à l'honneur de ce blogue, se sentent un peu seules. Elles aiment les hommes élégants. Elles les attendent. En voici quelques-uns. Des poètes, des flâneurs, des dilettantes, des obsédés amoureux, des dandys, des godelureaux mélancoliques, des braconniers des émotions, des esthètes buissonniers, des hussards des mots à l'assaut, à la caresse. Il y en aura d'autres.

samedi 5 mai 2012

Remember Brigitte Lahaie


Demain, nous saluerons comme il se doit l'annonce faite par Nico le petit de son départ pour Miami, où il pourra rejouer à loisir son rôle favori : Tony Montana à gourmette. Avouons toutefois que Michelle Pfeiffer, dans le film de De Palma, avait plus de classe que Carla. NKM, d'ailleurs, aurait une toute autre tenue dans le rôle de l'Elvira du petit Scarface de Neuilly. Même si, loin de Paris, elle nous manquerait avec son cheveu sexy sur la langue, ses poses alanguies et ses bottes en cuir oldscoule.
En attendant, on lit et relit Diane et autres stories en short de Christian Laborde, livre de l'été dont on parle sur Causeur - http://www.causeur.fr/a-l%e2%80%99ombre-des-jeunes-filles-en-short,17345 - puisque l'hebdo éphémère de Frédéric Pajak nous a fait la mauvaise surprise de ne pas publier ce texte écrit pour lui. On en a parlé aussi avec Roland Jaccard, chez SIP. Roland est le plus élégant des hommes. Roland offre, en dandy dilettante à l'oeil malicieux, les mots les plus beaux, dans des livres serrés et légers comme les cafés qu'il aime boire. Roland possède, dans son Iphone, une collection de photos exquises, parmi lesquelles, entre autres, Marie-José Croze tenant entre ses doigts longs le recueil de nouvelles de Laborde. Roland, également, est éditeur aux PUF depuis de très nombreuses années. La collection "Perspectives critiques", c'est lui et on lui doit des textes inoubliables de Frédéric Schiffter, Clément Rosset, Alexandre Lacroix, Louis Skorecki, les Mémoires de l'acteur Georges Sanders et un petit bijou d'un certain David Levine. Roland, pour quelques raisons qui me sont chair (http://www.rolandjaccard.com/blog/?p=2657), quitte les PUF. Le dernier ouvrage publié sous sa direction sort ces jours-ci : Kerouac et la Beat Génération, de Jean-François Duval. Comme Roland fait toujours bien les choses, il a transmis les clés de "Perspectives critiques" à un autre godelureau adepte de la dolce vita sensuelle, poétique et balnéaire : Laurent de Sutter. Philosophe buissonnier, De Sutter a écrit notamment Contre l'érotisme, De l'indifférence à la politique et, notre préférence : Pornostars - Fragments d'une métaphysique du X où il évoque comme personne la grâce "angélique" de starlettes de tous temps nommées Tiffany Hopkins, Rita Faltoyano, Anita Blond, Clara Morgane, Tracy Lords ou Brigitte Lahaie.
On y pense : il faudrait parler avec notre camarade et ami Leroy de Brigitte Lahaie, des films qu'elle a tourné pour José Bénazéraf, Francis Leroi, Gérard Kikoine ou Jean Rollin, des films qui, tous et autant que des Chabrol ou des Sautet, nous disent ce qu'a été la France des années 70, les hommes et les femmes d'alors, la vérité des corps mêlés. On ne doute pas que Secrets d'adolescentes, oeuvre mineure et charmante de Gérard Loubeau (1980), intéresserait beaucoup Jérôme, lui qui sur son blogue nous régale d'extraits nabokoviens : http://feusurlequartiergeneral.blogspot.fr/2012/05/nabokov-en-attendant.html
A part ça ?
On déjeune au Jeu de quille, le meilleur restaurant de Paris - chef : Benoît Reix et Guillaume Clauss en salle -, avec Franck Maubert, esthète délicat qui vient de signer Le dernier modèle et qui publiera, en octobre, un roman beau et mélancolique chez Ecriture : Une ville en hiver. Au menu : tartare de maquereau et radis noir, cervelle de veau et pommes de terre écrasées, crumble pomme et noix et une bouteille de Cairanne rouge de chez Richaud. On dîne ensuite avec Miss K aux Petits plats, table sympathique de la rue des Plantes, autour d'un Cheverny blanc de chez Villemade, dans le plaisir fou de la nuit qui tombe, qui nous appartient. Et quand la jouissance a pris toute sa place, au petit matin léger, on lit Hôtel de la solitude de René Laporte, merveille du monde d'avant exhumée et rééditée par Dominique Gaultier au Dilettante.
Hôtel de la solitude, voilà une lecture que nous pourrions conseiller à Nico le petit qui, à Miami, aura le temps de l'inutile, c'est-à-dire des joies essentielles.

mercredi 2 mai 2012

Paul Gégauff, vous avez dit Paul Gégauff ?


Bientôt, d'ici juin, d'ici septembre, on reparlera ici de Paul Gégauff.
L'été sera gégauvien, la rentrée aussi.
Question de style.
Qui était Paul Gégauff ? Comment flâner autour de sa silhouette, de ses mots ? Comme ça, par exemple :
"L’aube s'étirait, j'avais appelé un taxi, enlevant miss K chez moi. En fin de matinée, quand elle s'était levée, nue et grisée, je lui avais répété mes mots du milieu de la nuit :
_ Tu es belle comme une héroïne de Gégauff.

Elle m'avait répondu, alors, qu'elle ne le connaissait pas.

_ C'était un écrivain, l'ami et le scénariste de Claude Chabrol et de Rohmer, un homme de l'amer, des paysages, un buveur, un amant des lolitas et des femmes fatales.

Ca avait plu à miss K. Elle m'avait demandé de lui en dire plus. Elle voulait voir ses films, lire ses romans. C’était aussi ce qui me plaisait chez Gégauff. Plus personne ne vivait, comme lui, au gré de ses plaisirs. Plus personne ne se servait, à sa manière, de la joie et de la mélancolie comme d'une arme de précision. Plus personne n'aimait ce qu'il aimait : le sourire d'un sexe de fille et les terrasses ombrées, les ivresses en bord de mer et les volutes de fumée, la clandestinité du soleil et les bars d'hôtel. Il représentait un monde d'avant qui n'en finissait pas de crever. Un monde d'avant que les derniers rejetons de la beauté ne voulaient pas voir disparaître, qu'ils essayaient de retenir, de réinventer."

Un ministère pour Frédérique Bel


Bien sûr, on a aimé Frédérique Bel dans les films d'Emmanuel Mouret, dont elle est l'héroïne fétiche : Changement d'adresse, Un baiser s'il vous plaît, Fais-moi plaisir et L'art d'aimer.
On l'a aimé dans L'amour dure trois ans de Beigbeder.
On l'aimait déjà beaucoup dans ses petites Minutes blondes sur Canal Plus et, également, en bikini dans Camping.
On l'aime encore aujourd'hui, juste avant qu'elle ne glisse dans l'urne, le 6 mai, un bulletin de vote siglé François Hollande. On ne doute pas que François a été sensible au soutien de Frédérique. On espère qu'un ministère, pourquoi pas le premier, a déjà été réservé pour miss Bel, incarnation parfaite du communisme poétique, balnéaire et sexy que nous sommes quelques-uns à souhaiter.

mardi 1 mai 2012

Mon amie Nane


Fin de la terre, on a lu, entre les gouttes de pluie et le soleil se pointant Pointe Saint-Mathieu, Roland Jaccard et des textes courts de David Di Nota.
On a regardé en dévédé L'art d'aimer d'Emmanuel Mouret, des films noirs et sensuels de Jean-Claude Brisseau et puis le très bon Grand alibi de Pascal Bonitzer, d'après Agatha Christie.
On a retrouvé, aussi, la vieille édition du livre de poche de Mon amie Nane, de Paul-Jean Toulet. Un roman léger et profond, un roman dilettante et classieux, un roman buissonnier où les héroïnes sont pleine de grâce, un roman où les sourires, l'alcool, les volutes de fumée cachent à peine la mélancolie au coeur des hommes et des exquises belles de jour, de nuit. Un roman tel qu'on n'en trouve plus guère, aujourd'hui.
Il est vrai que Toulet est mort, comme Pierre de Régnier et Jean de Tinan. Heureusement, dans les mots de quelques-uns - l'infâme RJ encore, Jérôme Leroy, Christian Authier, Frédéric Beigbeder, Christian Laborde, Guillaume Zorgbibe, Frédéric Schiffter ... -, Toulet est toujours là et sa langue, à la caresse des sens, n'a pas fini de nous enchanter :
"Cette amie que je veux te montrer sous le linge, ô lecteur, ou bien parée des mille ajustements qui étaient comme une seconde figure de sa beauté, ne fut qu'une fille de joie—et de tristesse."

"Mais Nane était bien plus que cela, un signe écrit sur la muraille, l'hiéroglyphe même de la vie : en elle, j'ai cru contempler le monde."

"A cette époque mon amie Nane était presque une inconnue pour moi, bien loin de m'appartenir en propre. A vrai dire, et dans la suite même, je n'ai jamais recherché le monopole de sa tendresse. N'eût-ce pas été de l'égoïsme ? Outre qu'il en faudrait avoir les moyens."

"En vérité, ce qu'elle aimait le plus de lui, ce n'était pas sa présence."

"Il n'entrait point dans les intentions de Nane de se montrer, en son veuvage, plus fidèle à Bélesbat qu'elle ne faisait d'ordinaire. Elle continua donc à le tromper, quoique avec moins de plaisir depuis qu'il était loin."
"Je vis quelque chose de clair, de blanc, de rose, qui décrivait une élégante parabole : c'était Nane. "