samedi 8 août 2009

La fin de la terre, on dirait le sud


Fin de la terre, il y avait la pluie qui jouait des claquettes, de gros nuages blancs entre lesquels le soleil, quelques jours durant, alluma sa mèche, le vent qui soulevait les jupes des filles et l'écume croquant avec une tendresse froide les mollets de ma Louise.
Il y avait les mots retrouvés. Les miens, ceux des autres - Le BB 60 de Nourrissier, Poèmes bleus de Perros, les poèmes de Paul Morand, Tous mes amis de Gégauff , Un état d'esprit de Patrick Besson, Toulet, toujours Toulet, et Un singe en hiver d'Antoine Blondin.
Il y avait la lune aussi, pleine et ronde des mots doux que je lui lançais, fumant mes Lucky strike, tels des signaux de fumée.
A la lune, je parlais d'une exquise inconnue et du beau bizarre des beaux hasards.
A la lune, je parlais d'une apparition modiglianesque de juillet.
A la lune, je parlais de toi.
Je lui faisais passer, dealer d'émotion, ta langue en fraude.
Je lui racontais l'histoire de tes sourires et de ta tristesse, de tes caresses et de ta colère, de tes arabesques autour de minuit et de ta peur de l'aube.
Sur la peau de la lune, j'esquissais, du bout des doigts, les lignes fauves de ta longue silhouette brune avec, entre tes seins, entre tes lèvres, une larme d'Eros que, au petit matin, je buvais en mort de soif.
Fin de la terre, j'imaginais que tu étais là, contre moi, allongée sur le sable, tes cheveux dans le creux de mon cou.
C'était extra. C'était le sud, comme la plus jolie des chansons de Nino Ferrer.