mercredi 16 novembre 2011
Projet secret de Moody's, Fitch et Standard and poor's pour un gouvernement français d'union nationale certifié AAA
Scénario souhaité :
Après l'annulation par le Président de la République, Nicolas Sarkozy, des élections présidentielles de mai 2012, le Secrétaire général de l'Elysée, Brice Hortefeux, annoncera la composition d'un gouvernement resserré d'union et de rigueur :
Premier ministre : Alain Minc
Ministre des affaires étrangères et européennes : Bernard-Henri Lévy
Ministre de la Défense et des anciens combattants : Manuel Valls
Ministre de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement : Jacques Attali
Ministre de la Justice et des libertés : Philippe Courroye
Ministre de l'intérieur et de l'immigration : Bernard Squarcini
Ministre de l'économie, des finances et de l'industrie: Jean-Claude Trichet
Ministre du Travail, de l'emploi et de la santé : Laurence Parisot
Ministre du budget, des comptes publics et de la réforme de l'Etat : Elie Cohen
Ministre de l'Agriculture, de la pêche, de l'alimentation, de la ruralité et de l'aménagement du territoire : Nadine Morano
Ministre de la culture et de la communication : Jean-Marc Morandini
Ministre des solidarités et de la cohésion nationale : Patrick Balkany
Ministre de la fonction publique : Jean-François Copé
Ministre de la recherche et de l'enseignement supérieur : Marien Defalvard
Ministre de la ville : Anne Sinclair
Ministre des sports : Zinedine Zidane
Ministre chargé des relations avec le Parlement : Zahia Dehar
Ministre chargé de l'industrie, de l'énergie et de l'économie numérique : Jean-Marc Sylvestre
Ministre chargé de la coopération : Xavier Bertrand
Ministre chargé des collectivités territoriales : Jean-Pierre Pernaut
Ministre chargé de l'apprentissage et de la formation professionnelle : Luc Chatel
Ministre chargé des affaires européennes : Eric Besson
Ministre chargé des transports : Bertrand Delanoë
Note transmise à Nicolas Sarkozy, Président de la République française, le 16/11/2011.
dimanche 13 novembre 2011
Bory, une plume sans masque
C'était un temps où l'on se battait par goût du style et des films. Bernard Frank, par exemple, vexé par un papier de Jean Cau dans Les temps modernes, répliquait en signant un assassin et très beau Dernier des Mohicans, que Grasset vient de rééditer . Du côté du grand écran, la Nouvelle vague naissait sur les décombres d'”une certaine tendance du cinéma français”. Il fallait faire son choix entre les Cahiers du cinéma et Positif. Michel Audiard et Louis de Funes étaient les Têtes de turc des intellos de la bobine. Truffaut crachait sur les vieilles gloires qu'étaient Autant-Lara, Clouzot et Duvivier. Jean-Louis Bory, lui, écrivait dans Le Nouvel Observateur, après s'être fait la main dans Arts et L'Express, et causait dans le poste, en pilier du Masque et la plume.
Il est aujourd'hui à l'honneur d'un spectacle mis en scène par François Morel, Instants critiques, où les comédiens Olivier Broche et Olivier Saladin, deux anciens de la troupe des Deschiens, interprètent les joutes radiophoniques qui l'opposaient à Georges Charensol, critique réac et oublié. On y retrouve Bory tel qu'il était et tel que le dévoile également Daniel Garcia, dans un joli texte biographique : C'était Bory.
Beau parleur, provincial enraciné et esprit parisien, Bory est un homme de gauche capable de défendre Louis-Ferdinand Céline, à la sortie de Nord. Quand on le lui reproche, il répond : “J'ai mes convictions personnelles, je ferai beaucoup de choses pour elles, mais s'il y a un très grand écrivain, un très grand artiste en face, je salue le grand écrivain, le grand artiste.”
Lecteur d'écrivains classés à droite – Chardonne et Morand sont ses amis - et du dandy socialiste Eugène Sue, il entre en littérature de la pire manière : son premier roman, Mon village à l'heure allemande, reçoit le prix Goncourt en 1945. Une barre très haut placée quand on a 26 ans. La suite de son oeuvre romanesque ne se vendra guère. Le spleen le gagne, il achète une carabine, ça peut avoir son usage.
Parce qu'il aime les garçons dans une époque qui n'y pense guère et surtout ne le dit pas, il publie Ma moitié d'orange, version 1973 du moderne coming out. Un coup de tonnerre et un succès éditorial. Il est intronisé pédé superstar, bretteur permanent des plateaux télé et autres débats de société. Entre reconnaissance gay et insultes, il y laisse beaucoup de sa flamboyance. A Jean-Louis Curtis, il avoue : “Je suis las d'être devenu le gugusse de l'homosexualité militante.” Sous le masque, la plume est triste. Il ne se doute pas que le meilleur de son style, ce qui restera quand les années auront tout balayé, il l'offre chaque semaine à l'Obs. Les papiers de cinéma de Bory sont un roman édité dans le journal de Jean Daniel et recueilli, en plusieurs tomes, aux éditions 10/18 : Des yeux pour voir, La nuit complice, Ombre vive, L'écran fertile, La lumière écrit, L'obstacle et la gerbe, Rectangle multiple.
Bory nous raconte une histoire de France, décalque en 24 images/seconde de celle de Michelet, à travers les regards de Godard, Chabrol et Claude Sautet. Pasolini s'invite, Bunuel aussi. La vulgarité est prise en grippe. Le charme discret de la bourgeoisie n'est pas détesté. Des jeunes filles embrassent des ouvriers. Les garçons hésitent entre les mamans et les putains. Il commence à y avoir trop de flics dans les rues et sur les écrans. La joie et la mélancolie jouent au ping-pong.
Une nuit de juin 1979, la mélancolie remporte la mise. Au fond de sa dépression, Bory use enfin de sa carabine, se tirant une balle plein coeur.
Daniel Garcia, Janine Marc-Pezet, C'était Bory, Editions Cartouche
Papier paru sur Causeur.fr le 13/11/2011
samedi 5 novembre 2011
Le Bloc est ce qui existe de plus beau, de plus poignant, de plus noir, de plus précis et élégant sur les tristes temps où nous vivons
Ma flânerie autour de Gégauff - Une âme damnée - est finie, entre les mains et sous les yeux de Roland Jaccard, l'infâme et délicat RJ qui m'a fait le plaisir d'écrire des lignes touchantes sur sa lecture : http://www.rolandjaccard.com/blog/?p=2562
Ce n'est qu'un combat, continuons le début.
Il est surtout temps de dire, ici, que Le Bloc, le roman de Jérôme Leroy, est ce qui existe de plus beau, de plus poignant, de plus noir, de plus précis et élégant sur les tristes temps où nous vivons.
Jérôme est un ami, comme il en existe si peu. Il aime boire des vins naturels chez Casimir, rue de Belzunce, et parler des socialistes utopiques avec miss K. Il aime aussi la silhouette des jeunes filles et les paysages des îles, les mots de Roger Nimier et Roger Vailland, de Manchette et d'ADG. Le titre du dernier recueil de Patrick Besson, Le hussard rouge, aurait pu être inventé pour lui. Il dit tout sur son style, c'est-à-dire sur son intelligence profonde et légère des choses de la vie, donc de la littérature.
Il y a longtemps, dans une interviouve, Michel Houellebecq indiquait que le roman qu'il aimerait écrire s'intéresserait à l'extrême-droite française de ces trente dernières années. Houellebecq a oublié son envie dans ses exils. Jérôme a écrit ce livre, avec la "grâce efficace" qu'on retrouve dans chacun de ses textes, quels qu'en soit le genre puisque sa langue crée une unité parfaite entre romans, poèmes, flânerie à la Bernard Frank du côté des lunettes noires et nouvelles.
Dans Le Bloc, suite toujours plus désespérée de Bref rapport sur une très fugitive beauté, de Monnaie bleue et de La minute prescrite pour l'assaut, la France a peur, la France morfle.
Des émeutes partent de la périphérie des villes, gagnent le centre. La finance assassine les pauvres et les classes moyennes. Les politiciens collaborent à la mise à sac des émotions. La trouille gargouille au ventre de tous. Les Arabes détestent les Juifs qui détestent les Blancs qui haïssent les Jaunes. Un parti, Le Bloc, est en train de rafler la mise tant espérée : une République en lambeaux et les strapontins du Pouvoir. Deux hommes, frères d'âme et de sang versé, se souviennent, le temps d'une nuit.
Dans un appartement des quartiers chics et tocs de Paris, Antoine attend le retour d'Agnès - sa belle amoureuse, la fille d'un vieux chef nationaliste et la Présidente du Bloc - qui négocie des postes ministériels. Il tire le bilan de sa vie, armé de mélancolie jusqu'aux dents : "Finalement, tu es devenu fasciste à cause d'un sexe de fille." Il a écrit des romans à la hussarde, s'est lassé, n'écrit plus que des notes d'intentions politiques sans y croire. Il boit de la vodka, regarde sur son écran TV le décompte des victimes de la guerre civile en cours. Il zappe sur Masculin/féminin de Godard, caresse le visage lointain de Catherine-Isabelle Duport. Il espère que Stanko, son ami, va s'en sortir.
Dans une chambre d'hôtel miteuse, Stanko attend la mort. Chef du service d'ordre et des coups tordus du Bloc, il n'a plus sa place dans un Parti de gouvernement respectable. Trop d'os brisés, trop d'accidents de voitures. Il vient de la misère des villes ouvrières du Nord, s'en est sorti à coups de poings, c'est impardonnable. Les gros bras qu'il a lui-même formés sont à ses trousses. Stanko n'offrira pas sa peau aux chiens. Stanko se demande pourquoi Antoine a laissé la traque s'organiser.
Le Bloc est une tragédie chorale : les voix d'Antoine et Stanko se répondent ; leurs trajectoires se mêlent. Il est question d'une époque où intellectuels et prolos se retrouvaient pendant leur service militaire, où les beuveries entre camarades se terminaient en chanson et par une évocation du Feu follet de Drieu la Rochelle, où l'amour et l'amitié pouvaient abolir le hasard des destins.
Le Bloc, en effet, est un roman d'amour et d'amitié qui plonge dans 30 ans d'histoire de France, la raconte avec le dandysme du Samouraï de Melville, la rage au coeur. Bien sûr, chacun trouvera des ressemblances entre le Bloc et le FN, entre Agnès et Marine, entre le vieux Dorgelles et un amateur borgne des points de détail. Bien sûr, quelques crétins soulignent déjà que Jérôme connaît "trop bien" son sujet.
"Trop bien" ? Jérôme se balade dans notre cher et vieux pays, celui d'Aragon et de de Gaulle. Il boit des canons dans les bistrots avec les prolos. Il les écoute comme il écoute les bruits de fond derrière les parades médiatiques. Il regarde, désabusé, la fermeture des usines et le racisme ordinaire. Il n'oublie pas les paysages d'avant la fin du monde, les bords de mer et les plaisirs sur le fil du rasoir. Il aime la France, malgré elle et au plus près d'elle, de ses routes, de ses campagnes, de ses villes, de ses clochers, de ses luttes sociales, et même de ses dérapages incontrôlés. Ses personnages viennent de là, de son regard, des bribes de la réalité saisies au vol. Et c'est ainsi qu'il faut lire et relire Le Bloc. Pour savoir où nous en sommes d'un bel aujourd'hui toujours plus laid, pour se souvenir aussi de ce qui nous a rendu heureux, de ce qui nous étreint sans fin : les escapades amoureuses sur les plages bretonnes, les départs décidés à la dernière minute, les villages blanc et bleu des Cyclades, les poèmes de Baudelaire, les longs corps nus sous les draps, la nonchalance et les hameaux paisibles, les touffes foisonnantes et noires comme l'origine du monde, le sexe d'une fille endormie.
Jérôme Leroy, Le Bloc, "Série noire", Gallimard, 2011
mardi 1 novembre 2011
Les Ukrainiennes à Paris
Il paraît que, ces temps-ci, ça ne va pas fort à Ni pute ni soumise.
Il paraît que les ventes de Tristane Banon stagnent.
Il paraît que Les chiennes de garde, l'hiver arrivant lentement, ne quittent plus leur niche.
Sur le front du féminisme, nous leur conseillons très amicalement de se rapprocher de leurs camarades ukrainiennes, femmes de style et de principe.
Parole d'enculé
"Nous sommes déçus. Les marchés sont déçus. Dès qu'il y a un pas en avant, un peu d'espoir, les politiciens foutent tout en l'air. On leur met le pistolet sur la tempe. On leur demande de faire des efforts. Et ils tergiversent. Ils veulent faire voter leur peuple à la con. C'est lamentable. Les marchés n'ont pas le temps d'attendre."
Un trader malheureux à l'annonce du referendum grec sur l'accord de Bruxelles
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