vendredi 22 mai 2009

La foulée de Katrin Krabbe


Dans le train Paris-Bruxelles-Köln,
Ses yeux d'écume
se plantent
se perdent
dans les paysages de l'enfance,
allument la mèche d'une douce mélancolie.

Elle est belle comme chacun des mots
d' Union libre ,
poème écrit par André Breton en 1931
pour être offert,
au mois de mai 2009,
à miss Judith S. von E.,
jeune fille à la grâce légère et profonde
qui me fait penser à la foulée de Katrin Krabbe
dans le temps jadis, Tokyo 1991.

Sous la caresse lointaine du vent et de la vitesse,
Elle boit du vin d'Afrique,
sourit aux heures passées,
se souvient d'un homme mal rasé,
un connard,
un gigolo,
dont elle est amoureuse
dont elle a peur
dont elle goûte
la langue et la peau.

Sur sa lèvre inférieure,
une blessure sexy
lui rappelle,
alors qu'elle arrive dans son pays,
qu'elle doit revenir
vite
venger,
sensuelle à mort,
l'arrogant affront
tranchant comme un "Je t'aime"
voyou
déposé du bout des dents.

jeudi 21 mai 2009

La légèreté des lucioles


_ Tu es devenu muet ?
_ Je laisse infuser.
_ Quoi ?
_ La lourdeur des jours passés, les idiots au garde-à-vous devant les diktats à la mode, les ravissantes idiotes à la saveur périmée ...
_ Vaste programme !
_ Que je fuis, fin de la terre, au balcon de l'écume et du vent, et dans "la ville où il fait bon vivre", chez mon ami Frédéric Paulin, l'auteur de La grande déglingue.
_ Paris, c'est fini ?
_ Paris, c'est mon home sweet home du XIVe, où ma fille chante des comptines et essaie les chaussures à talons de miss Ylang Ylang, c'est la Closerie des Lilas et c'est l'Ami Pierre - ce repaire pour gueules cassées, dandys old school, belles amies et blondes fugueuses.
_ Ras-le-bol de tes blondes, de tes blondines, de tes brindilles, de tes miss Truc !
_ Elles m'offrent, quand les vertiges se pointent, la légèreté des lucioles.
_ Tu nous saoûles !
_ Je n'ai besoin de personne pour me saoûler.
_ Tu ferais mieux d'écrire !
_ Noyé dans les glaçons d'une piscine, j'envoie un papillon de mots doux et arrogants à une gigolina lointaine pour laquelle Gainsbourg écrivit Judith, chanson d'amour et de petite mort.
_ Tu es désespérant !
_ Ciao ...

lundi 11 mai 2009

Soleil cou coupé ...


Dans sa décapotable VW verte
rescapée d'un vieux monde englouti,
elle roule à fond la caisse.
Dans l'amour comme sur la route,
elle mêle la plus extrême douceur
et la passion des murs fracassés.
Elle porte des gants de cuir blanc,
une robe de nuit
et des bottes de cavalière de l'asphalte.
Tandis qu'elle chantonne,
d'une voix jazzy d'exquise étrangère,
des mélodies
de Gainsbourg
de Miossec
C'est extra de Léo Ferré,
le soleil caresse sa blondeur au vent,
glisse sur la peau,
pose enfin ses lèvres rouges
sur le plus délicat des battements de coeur envolés :
un grain de beauté.