jeudi 29 mars 2012
Mourir de plaisir
N’étant pas mort la corde au cou, comme mon oncle,
Ni la gorge tranchée à la Closerie des Lilas, d’un tesson querelleur, par une demoiselle mécontente,
Pas plus une nuit de Noël à couteau tiré, tel Paul Gégauff
Ou d’un sevrage manqué dans une chambre du Val de Grâce, à côté d’une jolie anorexique et d’un multirécidiviste des tentatives de suicide,
Je mourrai bien, homme usé le sourire aux lèvres, entre les cuisses érotiques de la plus belle des apparitions, de la plus douce des petites morts :
Mourir de plaisir, le soufre au cœur et des bulles de Drappier zéro dosage dans la tête, quelques volutes de Winston bleue m’offrant un dernier baiser.
Cette semaine, dans l'excellent 5 SEMAINES AVANT L'ELECTION, je réponds à la question : "Comment aimeriez-vous mourir?" A lire également, dans cet hebdo éphémère, les réponses de Jérôme Leroy, Roland Jaccard, Olivia Resenterra, Denis Grozdanovitch, Frédéric Pajak. A lire aussi : Di Nota, Schiffter, Noguez ...
vendredi 23 mars 2012
Lire Marignac, urgemment
J'ai souvent écrit, ici, tout le bien que je pensais de Thierry Marignac, de ses romans, de ses traductions. A lire et à relire.
A lire, également, les textes qu'il donne au blogue Antifixion. Le dernier, notamment, est une merveille : de style évidemment, de précision politique. Ca dit tout ce qu'il faut dire sur Mohamed Merah, sur l'atmosphère empuantie du jour, sur la connerie crasse d'un Président flicard, entre autres. Ca s'appelle "Les égoûts de la post-démocratie" :
http://antifixion.blogspot.fr/2012/03/les-egouts-de-la-post-democratie.html
mercredi 21 mars 2012
Une éducation sentimentale
Je ne vais plus au cinéma depuis que je ne peux plus y voir Marie-Hélène Breillat.
Qui se souvient de Marie-Hélène Breillat ?
Je la retrouve dans un vieux numéro de Lui, millésime 76 je crois. Avec son visage de petite souris d'opéra, elle pose en couverture. Elle avait participé au Dernier tango à Paris, avec Brando et Maria Schneider. Avec sa soeur Catherine aussi. Catherine a écrit de bons films pour Fellini et Pialat. Elle a également tourné 36 fillette et Sale comme un ange avant de s'échouer dans les séquelles d’un AVC et les chèques en blanc d'un escroc. Sur une autre couverture de Lui, Joëlle Mogensen, du groupe Il était une fois, joue du violoncelle en queue de pie, les cuisses adorablement entrouverte sur un tabouret de soliste. Elle mourra d'une overdose, en nous laissant des mélodies très sexuelles. Plus tard, la féline Natassja Kinski aimantera à son tour les regards, mais je m'éloigne.
Je ne vais plus au cinéma depuis que je ne peux plus y voir Marie-Hélène Breillat. Marie-Hélène se cache, Adjani n'est plus la meurtrière des étés de Sébastien Japrisot, Sandrine Bonnaire ne m'a jamais plu et Juliette Binoche, non plus. Juliette Binoche a eu beau s’afficher dans Playboy, elle était encore plus insignifiante que dans ses films, que dans les interviouves qu'elle donne à propos de ses films.
Dans Playboy, il y a quelques temps, quelques actrices m'avaient presque donné envie d'aller voir derrière leur peau étalée sur les pages glacées.
Vahina Giocante.
Ludivine Sagnier.
Lou Doillon.
Mes souvenirs sont flous. Vahina sur la Riviera et dans 99 francs, ses lunettes très sérieuses et sa coquinerie adossée à une porte-cochère ; Ludivine à quatre pattes, à califourchon et en bikini blanc, au bord d'une piscine, chez Ozon ; Lou en culotte rouge ou batifolant dans une baignoire sous la caméra d’un Bronzé chauve.
Elles auraient pu être attirantes mais n'avaient pas d'oeuvres. Personne n'avait fait glisser sur leurs lèvres le gloss des mots les plus beaux. Personne ne les avait révélées dans l'ombre et les lumières de la caméra comme ces héroïnes qui ont fait, dans les années Mitterrand, mon éducation sentimentale.
J'allais vers mes quinze ans.
J'imaginais mes petites amoureuses avec la moue, les seins à croquer et les fesses rondes de Muriel Catala. Je jalousais les méduses mordant Valérie Kaprisky, là où le désir bat. Sous les jupes de filles, je pensais à Jeanne Goupil, poupée animée, je m’émerveillais : « Laisse-moi regarder … Laisse-moi admirer … Oh ! J’ai jamais rien vu d’aussi beau ! … C’est à pleurer tellement t’es belle … » Je protégeais Kim Basinger dans le Bayou, Sean Young à l'arrière d'une Limousine et Ornella Muti, dans sa folie ordinaire. Je prenais des cours privés et pervers avec Elisabeth Bourgine. Marianne Basler, Anne Parillaud et Fiona Gélin, nues et échappées de navets oubliables, s'occupaient de moi. Je dégrafais, sous le chemisier de soie noire, la blanche attache du soutien-gorge de Gabrielle Lazure qui, de sa voix au timbre d'écume, me disait : "Je veux juste que tu m'aimes".
Je ne vais plus au cinéma parce que je prends le soleil, sur une plage perdue, avec miss K.
J'aime ses cheveux mouillés, ses yeux perdus dans le bleu Monory du ciel ou entre les lignes de We need to talk about Kevin de Lionel Shriver.
J'aime ses seins offerts aux rayons chauds, la pointe de ses seins durcis par la brise caline.
J'aime sa manière boudeuse de rentrer dans l'eau toujours trop froide.
J'aime la marque blanche que je devine, sous l'étoffe mouillée du bas de maillot de bain.
J'aime aussi ses soufflets de colère jalouse, quand elle m'en veut de trop parler de la beauté des actrices.
_ Qu'ont-elles qui te plaît tant ?
_ Elles ont ta grâce.
Elle n'est pas convaincue.
_ Je ne suis pas une de tes lointaines actrices oubliées.
_ Tout ce qui reste de la vie et des envies, c'est une jeune fille qui danse et un homme qui lui dit : "Je vais te regarder". Une jeune fille à la cigarette entre les lèvres, robe noire et dos nu, ses gestes précis et ses yeux, sa peau douce. Une jeune fille en fugue à Lisbonne, à Berlin, à Vienne, à Trouville, au Trez-Hir ou sur les rives du Lac Léman. Tout ce qui reste de la vie et des envies, c'est la silhouette en noir et blanc de Françoise Dorléac et c'est toi.
_ Tout ce qui reste de la vie et des envies, c'est une jeune fille qui danse et un homme qui lui dit : "Je vais te regarder". Une jeune fille à la cigarette entre les lèvres, robe noire et dos nu, ses gestes précis et ses yeux, sa peau douce. Une jeune fille en fugue à Lisbonne, à Berlin, à Vienne, à Trouville, au Trez-Hir ou sur les rives du Lac Léman. Tout ce qui reste de la vie et des envies, c'est la silhouette en noir et blanc de Françoise Dorléac et c'est toi.
Je ne vais plus au cinéma parce que miss K., le jour et la nuit, sur les plages perdues et dans les bars d’hôtel, est plus désirable qu'Alice Taglioni, en blonde, dans La bande du drugstore et qu'Alice Taglioni, en brune, dans Grande école.
Je ne vais plus au cinéma parce que les fesses de miss K. sont un présent plus précieux que le cul de Valérie Lemercier, dans Le derrière, et que le cul d'Eva Green, retirant sa culotte rosée, dans The dreamers.
Je ne vais plus au cinéma parce que les seins de miss K., ronds comme des pommes tentatrices, sont plus beaux encore que ceux d'Hélène Fillières dans Bord de mer, Un homme, un vrai et dans Mafiosa, série où, pourtant, je ne vois qu'elle, parée de sombre et de lunettes noires.Je ne vais plus au cinéma parce que miss K., comme BB, Jacqueline Sassard, Romy et Marie-Hélène Breillat, est l'autre nom, de chair et de grâce, de la dolce vita
Texte paru le 21/03/2012 dans 6 SEMAINES AVANT L'ELECTION
lundi 19 mars 2012
Réponse au managère : François Taillandier dixit
"Alors moi, je lance un appel aux étudiants et je leur dis : ne soyez pas fuides. Soyez tout, sauf fluides ! Soyez compacts, et compliqués, et tortueux. Etudiez ce que vous voulez, les lettres, les maths ou l'économie. La cantilène de sainte Eulalie, le théorème de Fermat, la langue mourske, l'évolution du micro-crédit au Bengladesh, peu importe. Etudiez ce qui ne sert à rien sauf à vous rendre intelligents. Ayez des idées utopiques, inapplicables. Formez des communautés qu'on trouvera terroristes et foutez les TGV en panne. Aimez ce que vous aimez. A la passion, à la folie. Passez des nuits à regarder le même film, à relire le même livre ! Donnez-vous raison. Restez vivants. N'écoutez pas ces nains crépusculaires qui veulent que vous fassiez de votre vie une longue punition ! Un jour ou l'autre, de toute façon, viendra la confrontation avec la réalité, qui est tout ce qui nous sauve. Alors, vous verrez bien. D'ici là, sachez au moins que nous, vos parents, si on se saigne aux quatre veines pour vous envoyer à la fac, ce n'est pas dans le but que vous deveniez fluides, histoire de faire plaisir à un marchand de yaourts !"
in La France de Nicolas Sarkozy, DDB, 2012
Paroles de Managère ...
"Dans une école de commerce, le fait d'avoir un enseignement totalement en anglais dès la deuxième année me paraît tout à fait fondamental car cela permettra d'obtenir des étudiants et des cadres parfaitement fluides. Ce qui est essentiel dans un monde de plus en plus global."
Laurent Freixe, directeur de Nestlé pour l'Europe dans un entretien au magazine de l'EDHEC, en 2009. Cité par François Taillandier dans son excellent La France de Nicolas Sarkozy.
dimanche 18 mars 2012
7 semaines avant l'élection
Un oubli : En attendant l'heure d'été a paru dans 7 SEMAINES AVANT L'ELECTION, l'hebdomadaire éphémère de Frédéric Pajak et de notre ami Roland Jaccard. France Inter en a cité un court extrait dans sa revue de presse du mardi 13 mars (de mémoire, c'est vers la 90e minute). Ca fait plaisir, comme fait plaisir la lecture de l'hebdo où, chaque semaine, on peut lire l'infâme RJ, le philosophe sentimentale Frédéric Schiffter, les aphorismes du très délicat Dominique Noguez et une petite merveille : L'envoyé spécial, roman feuilletonnant de David Di Nota. C'est drôle, stylé, élégant, mélancolique, précis, sexy comme tout ce qu'écrit David.
A rapter dans les kiosques, mercredi prochain : 6 SEMAINES AVANT L'ELECTION.
samedi 17 mars 2012
La bête est morte, Duchaussoy aussi
La grande faucheuse canarde sec, ces derniers temps, du côté des belles figures d'un monde d'avant qui ne veut pas crever.
Dans Causeur, notre ami Leroy et Jacques de Guillebon ont écrit ce qu'il fallait sur les ultimes bye-bye de Félicien Marceau (http://www.causeur.fr/il-me-semble-que-felicien-marceau-est-a-capri,16257) et Pierre Schoendoerffer (http://www.causeur.fr/schoendoerffer-le-long-sanglot-du-heros,16449). Marceau et Schoendoerffer représentaient une certaine idée de la France - style, liberté et art de vivre diletante - que chacun pouvait retrouver dans leurs livres et dans les films réalisés ou adaptés.
Un autre belle figure du monde d'avant vient de s'en aller, sans qu'on en parle beaucoup : Michel Duchaussoy. Sa voix, son regard, son élégance captivaient, peu importe la scène. Il était apparu dans Vie Privée de Louis Malle, qu'il retrouvera plus tard dans Milou en mai. Il intégra la Comédie française. Il eut du succès au théâtre, au cinéma et à la télévision. Sa filmographie rassemble les maîtres et les petits maîtres talentueux du 7e art : Alain Jessua, Roger Vadim, Jacques Deray, Michel Deville, Alain Corneau, Costa-Gavras, Serge Leroy, Nina Companeez, Bertrand Tavernier, Pascal Thomas et, bien sûr, Claude Chabrol avec lequel il tourna six films, parmi lesquels un chef d'oeuvre : Que la bête meure.
Dans Que la bête meure, sur un scénario et des dialogues de Paul Gégauff, Duchaussoy incarne un écrivain dont le fils a été assassiné par un chauffard. Il a juré de retrouver ce dernier, ordure totale et magnifique interprétée par Jean Yanne, d'aller jusqu'au bout de la vengeance. La mécanique du réglement de compte installée, il n'y a plus de bons et plus de méchants. Les sentiments mauvais hantent la province bretonne, sous un ciel à la couleur unique, de gris et de soleil pâle. La silhouette de Caroline Cellier, en robe légère et lunettes héritées d'Audrey Hepburn, n'adoucit pas les envies et les regrets. Les derniers mots du film, alors que Duchaussoy a pris la mer, sont le Requiem des années 60 : "Je croyais être devenu aussi froid que la lame d'un couteau mais le coeur est bien plus long à mourir qu'on ne pense. Je vais aller au loin et ne jamais revenir. Je vais disparaître, m'effacer. Qu'on me laisse choisir mon châtiment. Il existe un chant de Brahms, qui paraphrase L'Ecclésiaste : il faut que la bête meure, mais l'homme aussi. L'un et l'autre doivent mourir."
La bête est morte, Duchaussoy aussi. L'une des dernières fois qu'on l'a vu, il était un très bon second rôle dans la première saison de Braquo, la série très noire d'Olivier Marchal. Son personnage ayant succombé à une crise cardiaque, il ne participa pas à la mascarade de la saison 2. C'était sans doute mieux pour lui. En même temps, Duchaussoy ne subissait jamais la nullité crasse qu'on lui imposait : sa seule présence donnait du plaisir. On se rappelle ainsi Les coeurs brûlés et Les yeux d'Hélène, cette saga cruelle et ensoleillée des années 90. Ce n'était pas bien écrit, pas bien filmé. C'était entre eau de rose et eau de vie pas assez forte. Mais il y avait Mireille Darc, Pierre Vaneck, les jolies Amélie Pick et Claire Keim, et Michel Duchaussoy.
Comme Félicien Marceau et Pierre Schoendoerffer, Michel Duchaussoy va nous manquer : tous les trois, ils dataient avec classe notre spleen.
Papier paru sur Causeur.fr le 18/03/2012
Libellés :
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mardi 13 mars 2012
La beauté morale du Docteur Popaul
"_ Décidément, Paul, je ne te comprends pas. Elle t'aime et elle n'est pas emmerdante. Elle n'est pas bête. Elle ne sort pas du gourbi. Elle est d'une bonne famille. Elle a du pognon. Elle t'est même fidèle. Qu'est-ce que tu lui reproches ?
_ T'as vu sa tête ?
_ Elle est plutôt mignonne.
_ Justement, elle le sait, alors elle la ramène. Si elle était un peu plus moche, ça serait mieux. Je suis pour la beauté morale. Et la beauté morale, tu ne la trouves que chez les moches.
_ C'est une conception.
_ C'est un des grands paradoxes de l'humanité."
in Docteur Popaul, Claude Chabrol, 1972 - dialogues de Paul Gégauff
in Docteur Popaul, Claude Chabrol, 1972 - dialogues de Paul Gégauff
samedi 10 mars 2012
Bertrand Blier dixit
"Le soutien-gorge, c'est mon regard lancé comme un poignard vers le corps de la femme. Elle me le retourne en plein coeur. Délicieuse meurtrière. Le sein bien enveloppé, la bretelle bien entendue, un arc avec une flèche, la flèche c'est son regard, jamais le regard d'une femme ne sera aussi dangereux que lorsqu'elle est en soutien-gorge.
Je recommande de ne pas bouger, de lever les mains en l'air, de ne pas chercher à jouer les héros.
Je déconseille l'envie d'attaquer qui s'empare de nous, les hommes. Arracher le soutien-gorge, par exemple, le jeter par la fenêtre. Les plus beaux seins du monde seront toujours plus beaux si tu les laisses dans leur écrin."
in Existe en blanc, Robert Laffont, 1998
mercredi 7 mars 2012
Félicien Marceau n'est pas vraiment mort ...
Il y a très peu de temps, je repensais à Appelez-moi mademoiselle, de Félicien Marceau. Un papier assez dégueulasse du Nouvel Obs m'apprend qu'il vient de s'en aller. Il avait 98 ans, était malade et venait de republier ses premiers romans aux éditions de Fallois. Sa correspondance avec Michel Déon aussi, chez Gallimard. Tout était en ordre. Dans ma bibliothèque, le très bel essai que lui avait consacré Stéphane Hoffmann. Et puis, entre autres, Creezy et Le corps de mon ennemi et La grande fille, qui fait penser à miss K. et que je vais relire. Se souvenir, enfin, de La race des seigneurs, l'adaptation de Creezy par Pascal Jardin. Avec Delon et Sydne Rome, sensuelle comme en jamais en mannequin amante d'un député dans une France qui était celle de Pompidou et Giscard.
Académicien, Félicien Marceau est immortel. Quand on le présentait comme un homme de droite, il répondait : "Oui, le système reste mon ennemi et je ne crois pas à la société. Il y a deux révolutions à faire: la révolution des masses et la révolution individuelle, et l'une ne doit pas faire oublier l'autre." Immortel, disais-je. Et tout pour plaire.
lundi 5 mars 2012
En attendant l'heure d'été #1
Les mots étaient en rade, noyés dans le mauvais vin.
Les "plans de sauvegarde de l'emploi", cette délicate invention, commençaient à peser sur les corps.
Des femmes d'à peine cinquante ans, que je connaissais peu, s'en allaient un jeudi. Je l'apprenais le vendredi, à l'heure où les DRH avaient déjà fait livrer une couronne de fleurs.
Les mots ne revenaient pas.
Je regardais Louise, vacances achevées, réciter des chronologies latines et dessiner, sur son cahier, les corps de voleuses des héroïnes de Cat's eyes. Je regardais aussi, par la porte entrouverte, la peau de miss K, si belle endormie, le chat Pablo ronronnant sur la plus douce de ses courbes. Je tombais, au hasard d'une flânerie chez l'ami Leroy, sur un poème de Paul de Roux : Ménandre en avril.
Il y avait une jeune fille brune, dont les doigts érotiques tournaient les pages d'un livre, se saisissaient d'un crayon pour annoter le texte. Elle était assise sur un banc, parc Montsouris. Elle portait des lunettes noires. Elle prenait l'air, de la campagne, d'Athènes, des bords de mer peut-être. La jeune fille brune nous donnait envie d'attendre avec elle, ombre calme et mateuse, l'heure d'été.
Les mots s'étaient repointés, de bleu pâle et de soleil passé.
Les "plans de sauvegarde de l'emploi", cette délicate invention, commençaient à peser sur les corps.
Des femmes d'à peine cinquante ans, que je connaissais peu, s'en allaient un jeudi. Je l'apprenais le vendredi, à l'heure où les DRH avaient déjà fait livrer une couronne de fleurs.
Les mots ne revenaient pas.
Je regardais Louise, vacances achevées, réciter des chronologies latines et dessiner, sur son cahier, les corps de voleuses des héroïnes de Cat's eyes. Je regardais aussi, par la porte entrouverte, la peau de miss K, si belle endormie, le chat Pablo ronronnant sur la plus douce de ses courbes. Je tombais, au hasard d'une flânerie chez l'ami Leroy, sur un poème de Paul de Roux : Ménandre en avril.
Il y avait une jeune fille brune, dont les doigts érotiques tournaient les pages d'un livre, se saisissaient d'un crayon pour annoter le texte. Elle était assise sur un banc, parc Montsouris. Elle portait des lunettes noires. Elle prenait l'air, de la campagne, d'Athènes, des bords de mer peut-être. La jeune fille brune nous donnait envie d'attendre avec elle, ombre calme et mateuse, l'heure d'été.
Les mots s'étaient repointés, de bleu pâle et de soleil passé.
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