samedi 22 septembre 2012
Une âme damnée, Paul Gégauff, une semaine après ...
On ne savait pas trop à quoi s'attendre pour Une âme damnée. Tout le monde ne s'intéressait qu'à Richard Millet et Christine Angot et personne ne connaissait Paul Gégauff. On a donc été très heureux d'entendre Eric Naulleau parler à merveille de notre flânerie, de miss K et des nuits parisiennes dans Ca balance à Paris. Il paraîtrait par ailleurs qu'un article, signé Naulleau, est dans les tuyaux de Paris-Match. Nous verrons. L'Express, sous la plume de Jérôme Dupuis, a été le premier des niouses magazines à dégainer : un long papier, une belle photo, quelques erreurs - le scénariste Raoul-Duval s'appelle Roland Duval - et une réserve ("une ferveur un peu excessive par endroits"). c'est à (re)lire ici : http://www.lexpress.fr/culture/livre/une-ame-damnee-paul-gegauff_1162001.html. Autres réserves, sur le blogue de L'Editeur singulier : la couverture et, surtout, le fait que le livre n'a pas été publié chez lui. On se souvient d'un excellent déjeuner au Comptoir du relais avec L'Editeur singulier, JCN, arrosé de Cheverny blanc de chez Villemande. C'était charmant et plein d'esprit. JCN avait très bien lu ce Gégauff et fait part de son envie d'en être l'éditeur. On lui avait répondu que nous étions sur le point de signer avec une autre maison et que nous lui donnerions notre réponse une semaine plus tard. Ce qui a été fait : Une âme damnée paraîtrait chez l'excellent Pierre-Guillaume de Roux. On peut comprendre une certaine déception de JCN. Il est par contre faux de dire que le livre lui a "curieusement filé sous le nez" : http://lediteursingulier.blogspot.fr/#!/2012/09/une-ame-damnee-paul-gegauff-arnaud-le.html. Alors que nous déjeunions avec Franck Maubert à l'Ami Chemin, Paris 14e, nous apprenions que, contrairement à Franck pour son mélancolique Dernier modèle (Mille et une nuits), une sélection au Renaudot essai nous échappait d'un rien. Peu importe puisque, grâce à Roland Jaccard, Une âme damnée obtient le prix Chabrol 2012. Pour en savoir plus sur les âpres délibérations, c'est ici (http://www.causeur.fr/rentree-litteraire-les-prix-que-jattribuerais,19135#) et là : http://www.rolandjaccard.com/blog/?p=3189. On signale toutefois une petite erreur à Roland : Alain Bonnand ne peut pas avoir obtenu le prix Albert Londres pour Le Testament syrien (Ecriture). A la rigueur, le prix Gainsbourg : le petit homme à la tête de chou, c'est lui. L'homme élégant, en effet, ne s'appelle pas Bonnand, mais Frédéric Schiffter - philosophe sans qualités, surfeur et dandy de l'HP - qui nous envoie une carte postale sentimentale et stylée, "A la recherche du cinéma d'avant" : http://lephilosophesansqualits.blogspot.fr/2012/09/a-la-recherche-du-cinema-davant.html. L'élégance est aussi la parure de notre ami Jérôme Leroy : qu'il tienne avec nous le comptoir du Jeu de quilles, meilleur table de la rue Boulard et de Paris, invité sur le vif par les tauliers Benoït Reix et Guillaume Clauss, trinquant avec des vignerons et des vivants hors-normes jusque tard dans la nuit ; qu'il lise, sur une terrasse matinale, la chronique de Patrick Besson dans Le Point ; que nous le prenions en photo, lors d'un coquetèle tristounet, à côté de Reinette, héroïne de Rohmer (http://feusurlequartiergeneral.blogspot.fr/2012/09/reinette-et-jerome-mais-sans-mirabelle.html) ; ou qu'il salue, une nouvelle fois, notre flânerie gégauvienne : http://feusurlequartiergeneral.blogspot.fr/2012/09/piqure-de-rappel-une-ame-damnee-darnaud.html. De la même manière, on est aux anges et aux diables quand on lit les mots de Christian Authier dans L'Opinion indépendante. C'est un régal de délicatesse et de précision - ce qui n'étonnera aucun des lecteurs des romans de Christian, notamment son dernier : Une certaine fatigue (Stock) - que l'on peut retrouver sur le site de Pierre-Guillaume de Roux, dans la revue de presse d'Une âme damnée : http://www.pgderoux.fr/fr/Livres/Une-ame-damnee-Paul-Gegauff/51.htm. On a apprécié également, cette semaine, la chronique d'Alexandre Le Dinh, sur le magazine onlaïne De Nécessité Vertu, qui commence par "C'est le livre le plus chic du moment" : http://www.denecessitevertu.fr/2012/09/19/une-ame-damnee-paul-gegauff-darnaud-le-guern-2/. On nous a dit, enfin, que Frédéric Beigbeder a parfaitement présenté Une âme damnée et Paul Gégauff à la fin du Cercle Cinéma, sur Canal Plus Cinéma, ce vendredi 21. On n'a pas pu voir l'émission mais on ne doute pas de la qualité de l'évocation : Frédéric est un homme de goût et le marquis de Verdiani était de la partie.
vendredi 21 septembre 2012
De quoi les "Hussards" sont-ils le nom ?
Dans Causeur Magazine de septembre, notre texte autour de Nimier et des "Hussards" a été quelque peu charcuté, une grossière erreur s'ajoutant par ailleurs : Le Grand d'Espagne de Nimier n'étant en rien, évidemment, un roman. On publie ici la version originale de notre papier :
Le drame appartient à la légende des années 60, époque où il était recommandé de cramer sa vie en roulant trop vite dans des bolides toujours plus rapides. Nous sommes le 28 septembre 1962. Roger Nimier meurt dans un accident de voiture. A ses côtés, la blonde romancière Sunsiaré de Larcône. Ils se rendaient dans la maison de campagne de la famille Gallimard, éditeur pour lequel Nimier oeuvrait. Roger et Sunsiaré n’arriveront jamais à destination. Ils se retrouveront dans les pages de Paris-Match, cadavres extirpés de la tôle froissée de l’Aston Martin DB4. Nimier, ailleurs, a droit à quelques nécrologies fielleuses : il a eu ce qu’il méritait, il se suicidait à grand feu, en « Hussard » qu’il était.
Des écrivains dégagés
Les « Hussards », justement, quelle affaire. Pour certains, ils existent ; pour d’autres, ce n’est qu’une invention de Bernard Frank. En 1952, Frank est un des factotums de Jean-Paul Sartre. Dans Les Temps modernes, il sonne la charge contre une poignée d’écrivains que, « par commodité », il nomme « fascistes » : Roger Nimier, Jacques Laurent et Antoine Blondin – Michel Déon venant s’ajouter plus tard à la fine équipe. Leurs torts sont multiples : ils aiment la vitesse, l’alcool et les jeunes filles ; ils n’écrivent que pour divertir ; ils ont un certain succès ; ils sont de droite. Si Frank se moque, en dilettante, de cet art de vivre qui est d’ailleurs le sien, Sartre a des comptes à régler. Jacques Laurent l’a épinglé dans Paul et Jean-Paul, un pamphlet qui a fait rire et fait mouche. Assimiler le penseur révolutionnaire à Paul Bourget, incarnation XIXe de la bien-pensance bourgeoise : une horreur. Nimier, Laurent et Blondin seront donc infréquentables : des « Hussards » - Nimier a publié Le Hussard bleu – et des fascistes, puisqu’ils lisent des écrivains honnis tels que Morand, Montherlant et Chardonne et que leurs romans mettent en scène des miliciens, des femmes légères, des gandins à l’idéologie floue.
Une certaine idée du style
Les ouvrages qui paraissent, à l’occasion du cinquantenaire de la mort de Nimier, apportent la plus belle des réponses à Sartre. La littérature n’est ni de droite ni de gauche : elle est le style, autre nom de la pensée qui braconne sur le fil des mots. Le style : Nimier, Laurent, Blondin, Déon en ont, chacun selon son art ; Sartre n’en a pas. Il faut lire, dans le Cahier de l’Herne consacré à Nimier, le texte de Gérard Guégan, homme qui n’a jamais oublié la rage à son cœur « rouge ». Il raconte sa découverte de Nimier – Le Grand d’Espagne - à l’ombre des bastons l’opposant à l’extrême-droite des sixties : par-delà les coups de barre de fer, la littérature considérée comme un mot de passe entre ennemis. Alain Dugrand, qui signa longtemps les meilleurs papiers de Libération, ne dit pas autre chose dans sa contribution : « Fasciste, disaient-ils ». Qu’il s’agisse du Cahier de l’Herne, de la revue Bordel ou du collectif édité par Pierre-Guillaume de Roux, on espère que ces publications vont permettre une redécouverte des œuvres de Nimier, de Laurent – sous son nom ou sous le pseudo de Cecil Saint-Laurent - et de Blondin, mais encore d’écrivains qui partageaient avec eux une passion de la langue française à l’assaut, à la caresse : Jacques Perret, Stephen Hecquet, Pierre Boutang, Pol Vandromme ou Philippe Héduy. Tous écrivaient dans des revues, dans des journaux aux noms enchanteurs : Arts, Opéra ou La Parisienne. En clin d’oeil, sans doute, quelques demoiselles cavalières se jettent à l’eau, ces jours-ci, et publient La Hussarde. Le mot de désordre de leur premier numéro : « Il n’y a pas de femmes artistes ». On a envie de les lire et, aussi, de voir ou revoir les films scénarisés par Nimier, dont parlent Eric Neuhoff dans le Cahier de l’Herne, Alexandre Astruc et Philippe d’Hugues dans Nimier, Blondin, Laurent et L’esprit Hussard. Infréquentables, les « Hussards » ? Quand ils n’écrivaient pas ou ne charmaient pas de jeunes romancières, ils trinquaient avec Maurice Ronet, Paul Gégauff et Louis Malle. Et, même morts, des plumes comme Christian Authier, Claire Debru, Florian Zeller ou Thibault de Montaigu, sans oublier notre camarade Jérôme Leroy, leurs offrent des mots classieux. On comprend la peine de Jean-Paul Sartre.
Roger Nimier, collectif, Les Cahiers de l’Herne, éditions de l’Herne, direction Marc Dambre
Le Bal du gouverneur, Roger Nimier, éditions de l’Herne
Roger Nimier, Antoine Blondin, Jacques Laurent et L’esprit Hussard, collectif, éditions Pierre-Guillaume de Roux, direction Pierre-Guillaume de Roux et Philippe Barthelet
Les Hussards, revue Bordel, éditions Stéphane Million
Il n’y a pas de femmes artistes, revue La Hussarde, n°1, éditions Rue Fromentin
Le drame appartient à la légende des années 60, époque où il était recommandé de cramer sa vie en roulant trop vite dans des bolides toujours plus rapides. Nous sommes le 28 septembre 1962. Roger Nimier meurt dans un accident de voiture. A ses côtés, la blonde romancière Sunsiaré de Larcône. Ils se rendaient dans la maison de campagne de la famille Gallimard, éditeur pour lequel Nimier oeuvrait. Roger et Sunsiaré n’arriveront jamais à destination. Ils se retrouveront dans les pages de Paris-Match, cadavres extirpés de la tôle froissée de l’Aston Martin DB4. Nimier, ailleurs, a droit à quelques nécrologies fielleuses : il a eu ce qu’il méritait, il se suicidait à grand feu, en « Hussard » qu’il était.
Des écrivains dégagés
Les « Hussards », justement, quelle affaire. Pour certains, ils existent ; pour d’autres, ce n’est qu’une invention de Bernard Frank. En 1952, Frank est un des factotums de Jean-Paul Sartre. Dans Les Temps modernes, il sonne la charge contre une poignée d’écrivains que, « par commodité », il nomme « fascistes » : Roger Nimier, Jacques Laurent et Antoine Blondin – Michel Déon venant s’ajouter plus tard à la fine équipe. Leurs torts sont multiples : ils aiment la vitesse, l’alcool et les jeunes filles ; ils n’écrivent que pour divertir ; ils ont un certain succès ; ils sont de droite. Si Frank se moque, en dilettante, de cet art de vivre qui est d’ailleurs le sien, Sartre a des comptes à régler. Jacques Laurent l’a épinglé dans Paul et Jean-Paul, un pamphlet qui a fait rire et fait mouche. Assimiler le penseur révolutionnaire à Paul Bourget, incarnation XIXe de la bien-pensance bourgeoise : une horreur. Nimier, Laurent et Blondin seront donc infréquentables : des « Hussards » - Nimier a publié Le Hussard bleu – et des fascistes, puisqu’ils lisent des écrivains honnis tels que Morand, Montherlant et Chardonne et que leurs romans mettent en scène des miliciens, des femmes légères, des gandins à l’idéologie floue.
Une certaine idée du style
Les ouvrages qui paraissent, à l’occasion du cinquantenaire de la mort de Nimier, apportent la plus belle des réponses à Sartre. La littérature n’est ni de droite ni de gauche : elle est le style, autre nom de la pensée qui braconne sur le fil des mots. Le style : Nimier, Laurent, Blondin, Déon en ont, chacun selon son art ; Sartre n’en a pas. Il faut lire, dans le Cahier de l’Herne consacré à Nimier, le texte de Gérard Guégan, homme qui n’a jamais oublié la rage à son cœur « rouge ». Il raconte sa découverte de Nimier – Le Grand d’Espagne - à l’ombre des bastons l’opposant à l’extrême-droite des sixties : par-delà les coups de barre de fer, la littérature considérée comme un mot de passe entre ennemis. Alain Dugrand, qui signa longtemps les meilleurs papiers de Libération, ne dit pas autre chose dans sa contribution : « Fasciste, disaient-ils ». Qu’il s’agisse du Cahier de l’Herne, de la revue Bordel ou du collectif édité par Pierre-Guillaume de Roux, on espère que ces publications vont permettre une redécouverte des œuvres de Nimier, de Laurent – sous son nom ou sous le pseudo de Cecil Saint-Laurent - et de Blondin, mais encore d’écrivains qui partageaient avec eux une passion de la langue française à l’assaut, à la caresse : Jacques Perret, Stephen Hecquet, Pierre Boutang, Pol Vandromme ou Philippe Héduy. Tous écrivaient dans des revues, dans des journaux aux noms enchanteurs : Arts, Opéra ou La Parisienne. En clin d’oeil, sans doute, quelques demoiselles cavalières se jettent à l’eau, ces jours-ci, et publient La Hussarde. Le mot de désordre de leur premier numéro : « Il n’y a pas de femmes artistes ». On a envie de les lire et, aussi, de voir ou revoir les films scénarisés par Nimier, dont parlent Eric Neuhoff dans le Cahier de l’Herne, Alexandre Astruc et Philippe d’Hugues dans Nimier, Blondin, Laurent et L’esprit Hussard. Infréquentables, les « Hussards » ? Quand ils n’écrivaient pas ou ne charmaient pas de jeunes romancières, ils trinquaient avec Maurice Ronet, Paul Gégauff et Louis Malle. Et, même morts, des plumes comme Christian Authier, Claire Debru, Florian Zeller ou Thibault de Montaigu, sans oublier notre camarade Jérôme Leroy, leurs offrent des mots classieux. On comprend la peine de Jean-Paul Sartre.
Roger Nimier, collectif, Les Cahiers de l’Herne, éditions de l’Herne, direction Marc Dambre
Le Bal du gouverneur, Roger Nimier, éditions de l’Herne
Roger Nimier, Antoine Blondin, Jacques Laurent et L’esprit Hussard, collectif, éditions Pierre-Guillaume de Roux, direction Pierre-Guillaume de Roux et Philippe Barthelet
Les Hussards, revue Bordel, éditions Stéphane Million
Il n’y a pas de femmes artistes, revue La Hussarde, n°1, éditions Rue Fromentin
samedi 15 septembre 2012
Une âme damnée, Paul Gégauff, c'est à rapter dès maintenant ...
Depuis le temps qu'on en parle ici et ailleurs, Une âme damnée - Paul Gégauff est enfin dans nos librairies. C'est édité chez l'exquis Pierre-Guillaume de Roux, qui ne publie pas que Richard Millet. C'est une flânerie, un roman, un essai, ce que chacun voudra. On aime décidément beaucoup la visage frondeur de Gégauff sur la couverture :
On aime aussi toujours regarder la photo très BB de Claude Nori, inspiration Frédéric Schiffter, prise au bord de la piscine de l'HP de Biarritz :
On a déjà écrit tout le plaisir pris à la lecture des papiers, consacrés au livre, de Christian Laborde. Celui-là notamment : http://www.pau.fr/magazine/chroniques/20120830_124649
On a apprécié également l'évocation de Gégauff par Christophe Bourseiller, lors de la Matinale de France Musique, le 7 septembre - http://sites.radiofrance.fr/francemusique/em/musique-matin/emission.php?e_id=70000039&d_id=515002372 - et surtout les mots parfaits de Sébastien Le Fol, sur France Culture, dans son Tout feu, tout flamme, le 11 septembre : http://www.franceculture.fr/emission-tout-feu-tout-flamme-de-sebastien-le-fol-tout-feu-tout-flamme-de-sebastien-le-fol-en-part-1
Dans le Figaro littéraire, Sébastien Lapaque a profité du peu de place qu'on donne encore aux écrivains pour parler, avec style, d'Une âme damnée, sous le titre "Gégauff le désinvolte" :
"Qui se souvient de Paul Gégauff (1922-1983), scénariste du Journal d’un scélérat (Rohmer), de Plein soleil (Clément) et des Godelureaux (Chabrol, d’après le roman d’Éric Ollivier), auteur d’une poignée de romans parus chez Minuit ? Homme couvert de femmes, génial touche-à-tout portant sa désinvolture en boutonnière, rebuté par ce qui était fade, attiré par ce qui était âpre, Gégauff a cristallisé la féerie d’une époque d’insouciance souveraine où l’important était de ne pas se laisser impressionner par les longues figures de l’Existentialisme et du Nouveau Roman. Dans un livre aux harmoniques romanesques qui tient à la fois de l’exercice d’admiration et de la dérive amoureuse, Arnaud Le Guern lui rend hommage en l’évoquant comme un grand frère trop tôt disparu. "
Ce samedi 15 septembre, Eric Naulleau fera de notre flânerie son "coup de coeur" de rentrée dans Ca balance à Paris, à 18h15 sur Paris Première. La semaine prochaine, le vendredi 21, Frédéric Beigbeder présentera quant à lui le livre dans Le Cercle, sur Canal Plus cinéma.
On aime aussi toujours regarder la photo très BB de Claude Nori, inspiration Frédéric Schiffter, prise au bord de la piscine de l'HP de Biarritz :
On a déjà écrit tout le plaisir pris à la lecture des papiers, consacrés au livre, de Christian Laborde. Celui-là notamment : http://www.pau.fr/magazine/chroniques/20120830_124649
On a apprécié également l'évocation de Gégauff par Christophe Bourseiller, lors de la Matinale de France Musique, le 7 septembre - http://sites.radiofrance.fr/francemusique/em/musique-matin/emission.php?e_id=70000039&d_id=515002372 - et surtout les mots parfaits de Sébastien Le Fol, sur France Culture, dans son Tout feu, tout flamme, le 11 septembre : http://www.franceculture.fr/emission-tout-feu-tout-flamme-de-sebastien-le-fol-tout-feu-tout-flamme-de-sebastien-le-fol-en-part-1
Dans le Figaro littéraire, Sébastien Lapaque a profité du peu de place qu'on donne encore aux écrivains pour parler, avec style, d'Une âme damnée, sous le titre "Gégauff le désinvolte" :
"Qui se souvient de Paul Gégauff (1922-1983), scénariste du Journal d’un scélérat (Rohmer), de Plein soleil (Clément) et des Godelureaux (Chabrol, d’après le roman d’Éric Ollivier), auteur d’une poignée de romans parus chez Minuit ? Homme couvert de femmes, génial touche-à-tout portant sa désinvolture en boutonnière, rebuté par ce qui était fade, attiré par ce qui était âpre, Gégauff a cristallisé la féerie d’une époque d’insouciance souveraine où l’important était de ne pas se laisser impressionner par les longues figures de l’Existentialisme et du Nouveau Roman. Dans un livre aux harmoniques romanesques qui tient à la fois de l’exercice d’admiration et de la dérive amoureuse, Arnaud Le Guern lui rend hommage en l’évoquant comme un grand frère trop tôt disparu. "
Ce samedi 15 septembre, Eric Naulleau fera de notre flânerie son "coup de coeur" de rentrée dans Ca balance à Paris, à 18h15 sur Paris Première. La semaine prochaine, le vendredi 21, Frédéric Beigbeder présentera quant à lui le livre dans Le Cercle, sur Canal Plus cinéma.
dimanche 9 septembre 2012
Eloge littéraire de Florian Zeller
En cette rentrée, Florian Zeller cumulerait de nombreuses tares : il n’a pas écrit un « roman geek », autrement appelé « roman wikipedia », permettant à un barbant Bourmeau de s’extasier sur l’avènement du « non-style » ; il n’est pas non plus Christine Angot, dont la Semaine de vacances (Flammarion) serait « le chef d’oeuvre » du moment selon le même bourreau barbotant de la littérature ; il est l’incarnation du bobo, cette vieillerie ; il plagie Kundera ; pire, il a changé de coupe de cheveux, tignasse blonde désormais aussi lisse, paraît-il, que La jouissance, texte qu’il publie chez Gallimard.
On se souvient avoir acheté, dans une gare, un poche signé Zeller. Ca devait être La fascination du pire ou Les amants du n’importe quoi. Lecture sans grand intérêt, vite oubliée. On a ouvert La jouissance : « L’histoire commence là où toutes les histoires devraient finir : dans un lit. » Nicolas est un apprenti scénariste qui vit avec Pauline, fantasme sur Eva, une jolie Polonaise : l’amour, toujours, ce chien de l’enfer. Il y a de belles évocations d’André Breton et Kubrick, de Jean-Luc Godard et Beethoven. Cioran est également cité à propos de l’événement le plus important de la seconde partie du XXe siècle : le rétrécissement progressif des trottoirs. Une petite fille s’appelle Louise, prénom plaisant. On a envie de souligner des phrases, qui prolongent nos étés, en écoutant Perfect Day de Lou Reed : « Pour l’instant, la voiture roule sur cette nationale ensoleillée, mais on le sait, cela ne pourra pas durer éternellement – viendra le moment où le morceau finira, et où les corps devront fatalement se séparer. » Ou celle-là – que nous envoyons à un ami nous demandant : « Le dernier Zeller, c’est quand même très mauvais ? » : « Serrés l’un contre l’autre, je les vois sur l’embarcadère vide de Sorrento. Ils regardent sans regret le bateau disparaître dans le lointain ; ils prendront le prochain, car rien ne presse, et tout leur appartient – ils ont le présent devant eux. »
Dans une époque où les mots sont pâlots et où Libération titre « Le sexe de l’inceste », lisons Florian Zeller et sa Jouissance, roman imparfait, parfois fumeux quand il tente de raconter l’Europe de l’Après-guerre. Restent une histoire sentimentale à la française, comme un film de Sautet, et une langue qui joue d’une certaine volupté. On se rappelle alors que Zeller a écrit des pièces de théâtre pour Laetitia Casta et Catherine Frot, des chansons pour Christophe et une adaptation télévisuelle d’Un château en Suède de Sagan : que des œuvres réussies. Ce ne serait en rien un argument pour lire son dernier opus ? Si, et on rajoute que sa femme est une actrice charmante : ne jamais faire de peine à Marine Delterme.
Florian Zeller, La jouissance, Gallimard, 2012
Texte paru sur Causeur.fr le 09/09/2012
On se souvient avoir acheté, dans une gare, un poche signé Zeller. Ca devait être La fascination du pire ou Les amants du n’importe quoi. Lecture sans grand intérêt, vite oubliée. On a ouvert La jouissance : « L’histoire commence là où toutes les histoires devraient finir : dans un lit. » Nicolas est un apprenti scénariste qui vit avec Pauline, fantasme sur Eva, une jolie Polonaise : l’amour, toujours, ce chien de l’enfer. Il y a de belles évocations d’André Breton et Kubrick, de Jean-Luc Godard et Beethoven. Cioran est également cité à propos de l’événement le plus important de la seconde partie du XXe siècle : le rétrécissement progressif des trottoirs. Une petite fille s’appelle Louise, prénom plaisant. On a envie de souligner des phrases, qui prolongent nos étés, en écoutant Perfect Day de Lou Reed : « Pour l’instant, la voiture roule sur cette nationale ensoleillée, mais on le sait, cela ne pourra pas durer éternellement – viendra le moment où le morceau finira, et où les corps devront fatalement se séparer. » Ou celle-là – que nous envoyons à un ami nous demandant : « Le dernier Zeller, c’est quand même très mauvais ? » : « Serrés l’un contre l’autre, je les vois sur l’embarcadère vide de Sorrento. Ils regardent sans regret le bateau disparaître dans le lointain ; ils prendront le prochain, car rien ne presse, et tout leur appartient – ils ont le présent devant eux. »
Dans une époque où les mots sont pâlots et où Libération titre « Le sexe de l’inceste », lisons Florian Zeller et sa Jouissance, roman imparfait, parfois fumeux quand il tente de raconter l’Europe de l’Après-guerre. Restent une histoire sentimentale à la française, comme un film de Sautet, et une langue qui joue d’une certaine volupté. On se rappelle alors que Zeller a écrit des pièces de théâtre pour Laetitia Casta et Catherine Frot, des chansons pour Christophe et une adaptation télévisuelle d’Un château en Suède de Sagan : que des œuvres réussies. Ce ne serait en rien un argument pour lire son dernier opus ? Si, et on rajoute que sa femme est une actrice charmante : ne jamais faire de peine à Marine Delterme.
Florian Zeller, La jouissance, Gallimard, 2012
Texte paru sur Causeur.fr le 09/09/2012
jeudi 6 septembre 2012
Prix Goncourt, erreur sur la liste
Fatigue de fin de repas, excès de grands crus servis chez Drouant ou plaisanterie potache de la Présidente Edmonde Charles-Roux, la première liste des romans sélectionnés pour le prix Goncourt n’est pas la bonne. Au regard des titres annoncés à la presse, on se doutait qu’il y avait un problème :
Vassilis Alexakis «L'enfant grec» (Stock)
Gwenaëlle Aubry «Partages» (Mercure de France)
Thierry Beinstingel «Ils désertent» (Fayard)
Serge Bramly «Orchidée fixe» (JC Lattes)
Patrick Deville «Peste et choléra» (Seuil)
Joël Dicker «La vérité sur l'affaire Harry Québert» (Fallois)
Mathias Enard «Rue des voleurs» (Actes Sud)
Jérôme Ferrari «Le sermon sur la chute de Rome» (Actes Sud)
Gaspard-Marie Janvier «Quel Trésor !» (Fayard)
Linda Lê «Lame de fond» (Bourgois)
Tierno Monenembo «Le terroriste noir» (Seuil)
Joy Sorman «Comme une bête» (Gallimard)
C’est en lisant les journaux que l’honorable jury s’est rendu compte de sa regrettable erreur. Un communiqué vient d’être envoyé, restituant les noms et les ouvrages des douze heureux nominés, que nous pouvons enfin révéler :
François Marchand « Un week-end en famille » (Le Cherche-Midi)
Christian Authier « Une certaine fatigue » (Stock)
Sébastien Lapaque « La convergence des Alizés » (Actes Sud)
Franck Maubert « Le dernier modèle » (Mille et une nuits)
Benoît Duteurtre « A nous deux, Paris ! » (Fayard)
Cécile Guilbert « Réanimation » (Grasset)
Jacques Braunstein « Loin du centre » (Nil)
Stéphane Michaka « Ciseaux) (Fayard)
François Cusset « A l’abri du déclin du monde » (POL)
Anne Berest « Les Patriarches » (Grasset)
François Bott « Avez-vous l’adresse du Paradis ? » (Le Cherche-Midi)
Thierry Dancourt « Les ombres de Marge Finaly » (La Table ronde)
Papier paru sur Causeur.fr le 06/09/2012
dimanche 2 septembre 2012
Une âme damnée, Paul Gégauff : Christian Laborde encore ...
Dans son Bastingage, qu'il donne chaque mois à la ville de Pau, Christian Laborde nous avait déjà enchanté de ses mots sur Une âme damnée - Paul Gégauff, la flânerie qu'on publie le 13 septembre chez Pierre-Guillaume de Roux. Dans La Nouvelle République des Pyrénées du samedi 1er septembre, "le journal le plus lu dans le Tourmalet" écrit-il, où il signe un Percolateur hebdomadaire, Laborde en remet une couche, royal comme l'était dans les cols pyrénéens et alpins Lance Armstrong - héros de la petite Reine qu'il aime et défend face aux salauds, à raison et à passion - quand il s'envolait au plus dur de la pente :
« Pourquoi l’art contemporain est-il si drôle alors que la littérature contemporaine est si triste ? » s’interroge Patrick Besson. Un livre qui n’est pas triste du tout, c’est celui qu’Arnaud Le Guern, consacre à Paul Gégauff, le scénariste préféré de Chabrol. Le livre, qui paraît aux Editions Pierre Guillaume de Roux, a pour titre « Une âme damnée » et coûte 19,50 euros. C’est délicieux, empreint d’une douce mélancolie, les années 70 revivent à chaque paragraphe, Bardot, Sagan, Dutronc… Et la langue de Le Guern est vivante et racée : un régal. CL
On aime le Percolateur de Laborde et on aimera, on le sait, le livre illustré qu'il publie le 11 octobre aux éditions Hors Collection : une célébration de la petite Reine, de ses héros, titrée Tour de France Nostalgie. On aime, enfin, le clin d'oeil que nous adresse, annonçant la sortie de notre Ame damnée, les jeunes rédacteurs du magazine onlaïne De Nécessité Vertu : http://www.denecessitevertu.fr/2012/09/01/les-livres-de-la-rentree-litteraire-quon-attend-et-les-autres/
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