Cités par Antoine Sénanque dans Libération, ces mots d'Allain Leprest
« Sans te dire que je me manque/Donne-moi de mes nouvelles/Dis-moi dans quel port se planque/La barque de ma cervelle. »
C'est beau, ça tue comme le sourire de nuit des jeunes filles.
samedi 30 juin 2007
mercredi 20 juin 2007
Barbey d’Aurevilly, le dynamiteur flamboyant de l’amour
Que répond Jules Amédée Barbey d’Aurevilly lorsque Léon Bloy, admirateur et disciple inconditionnel, lui annonce : «Je veux vous contempler» ? Il lance, magnifique : «Contemplez-moi !» L’exclamation du «Connétable des lettres» signe, selon Remy de Gourmont, «l’une des figures les plus originales de la littérature du XIXe siècle.» Chouan de Paris et du Cotentin, aristocrate, dandy, monarchiste, réactionnaire et catholique, Barbey ne connaissait pas les demi-mesures. Il se voulait l’incarnation d’une certaine idée de la France, qui passait par la fidélité au trône et à l’autel mais qui excluait toute compromission avec un temps ressemblant beaucoup au nôtre : ennui des individus, médiocrité des sentiments, faux-semblants érigés en manière d’être. Dans une telle époque - qui voit s’enchaîner Empires, Restauration, Monarchie de juillet et Républiques sans que la tiédeur morne des cœurs ne changent -, il était hors de question que Barbey se taise. Homme perpétuellement en colère, il n’aura de cesse d’offenser la banale stupidité partout à l’œuvre : «J’ai tellement la haine du commun que la vérité m’ennuie et me dégoûte du moment qu’elle se répand. Fâcheuse disposition mais c’est la mienne. Je ne suis point un sage, non ! Morbleu ! Mais la folie incarnée, surtout de quelque temps. Je trouve une volupté dans la déraison.» Lire Barbey - ses romans, Les Diaboliques, ses articles critiques ou le pamphlet Les Quarante médaillons de l’Académie française -, c’est accéder au stade le plus beau de la folie, celui qui permet de faire feu, avec esprit, sur un monde à l’assaillante morgue. Mais c’est aussi une façon de suspendre le temps, de comprendre que la modernité tient avant tout dans un art d’habiter les corps et de les élever à hauteur d’âme. Ce que montre parfaitement Une Vieille maîtresse, réédité à l’occasion de la sortie du long-métrage de Catherine Breillat. Du film, nous ne retiendrons qu’Asia Argento dans le rôle-titre de la troublante senora Vellini, «une Malagaise brune, dorée, parfumée comme le vin de son pays», «fille adultérine d’une duchesse portugaise réfugiée en France et d’un toréador». Nul doute que cette actrice aux écorchures magnétiques, aurait plu à Barbey d’Aurevilly, lui qui aimait la démesure des héroïnes. La lecture du roman entérine l’évidence : il fallait la grâce canaille, mêlée de sauvagerie, d’Asia pour habiter le personnage de cette femme diabolique qui attire par sa laideur ensorcelante et fait tourner les têtes, particulièrement celle du sieur Ryno de Marigny.
Ryno de Marigny est un beau garçon des quartiers chics de Paris, un homme pressé amateur des plaisirs de la vie, du jeu et des femmes. Il avance dans l’existence avec la force de ceux qui ne savent pas encore qu’ils sont déjà perdus. Il pense avoir triomphé de tous les pièges tendus par les jaloux, des embûches que ses libertinages avaient laissées sur son chemin. Cependant, Ryno oublie les liens secrets et indestructibles qui l’unissent à Vellini. Alors qu’il s’apprête à épouser la pure Hermangarde de Polastron, blonde jeune fille aux traits parfaits, il aurait dû se souvenir des paroles de sa vieille maîtresse : «J’ai donc bu de ton sang ! […] Ils disent, dans mon pays, que c’est un charme … que quand on a bu du sang l’un de l’autre, rien ne peut plus séparer la vie, rompre la chaîne de l’amour. Aussi veux-je, Ryno, que tu boives de mon sang comme j’ai bu du tien. Tu en boiras, n’est-ce pas, mon amour ?…» Ryno avait bu, cédant à un sortilège qui l’attachera, dix ans durant, à Vellini. Pour s’arracher à cette folle attraction, il invoque la quête d’un bonheur à partager dans les bras d’Hermangarde, un bonheur qui se confond avec les bords de mer, la côte Normande où les jeunes mariés passent leur lune de miel. Orchestrés par la langue dynamiteuse de Barbey d’Aurevilly, rythmés par les aspérités sauvages des paysages et l’angoissante mélodie de l’écume, les éléments du drame peuvent alors prendre toute leur place. Face à la puissance des passions incendiaires, les personnages sont maltraités, inéluctablement brisés par une histoire au dénouement imparable. A l’heure des ultimes vérités, l’innocence n’est plus que la victime expiatoire d’une fidélité au goût de sang, fidélité à une vieille maîtresse qui, sûre de sa force, peut signer la mise à mort de l’amour fragile : «Tu as mon sang dans le tien ! Voilà ma magie ! Voilà ce que tu ne pourras jamais ôter de tes veines […] Nous sommes unis, nous, comme l’enfant l’est à la mère pour avoir partagé le sang de ses entrailles.»
Ryno de Marigny est un beau garçon des quartiers chics de Paris, un homme pressé amateur des plaisirs de la vie, du jeu et des femmes. Il avance dans l’existence avec la force de ceux qui ne savent pas encore qu’ils sont déjà perdus. Il pense avoir triomphé de tous les pièges tendus par les jaloux, des embûches que ses libertinages avaient laissées sur son chemin. Cependant, Ryno oublie les liens secrets et indestructibles qui l’unissent à Vellini. Alors qu’il s’apprête à épouser la pure Hermangarde de Polastron, blonde jeune fille aux traits parfaits, il aurait dû se souvenir des paroles de sa vieille maîtresse : «J’ai donc bu de ton sang ! […] Ils disent, dans mon pays, que c’est un charme … que quand on a bu du sang l’un de l’autre, rien ne peut plus séparer la vie, rompre la chaîne de l’amour. Aussi veux-je, Ryno, que tu boives de mon sang comme j’ai bu du tien. Tu en boiras, n’est-ce pas, mon amour ?…» Ryno avait bu, cédant à un sortilège qui l’attachera, dix ans durant, à Vellini. Pour s’arracher à cette folle attraction, il invoque la quête d’un bonheur à partager dans les bras d’Hermangarde, un bonheur qui se confond avec les bords de mer, la côte Normande où les jeunes mariés passent leur lune de miel. Orchestrés par la langue dynamiteuse de Barbey d’Aurevilly, rythmés par les aspérités sauvages des paysages et l’angoissante mélodie de l’écume, les éléments du drame peuvent alors prendre toute leur place. Face à la puissance des passions incendiaires, les personnages sont maltraités, inéluctablement brisés par une histoire au dénouement imparable. A l’heure des ultimes vérités, l’innocence n’est plus que la victime expiatoire d’une fidélité au goût de sang, fidélité à une vieille maîtresse qui, sûre de sa force, peut signer la mise à mort de l’amour fragile : «Tu as mon sang dans le tien ! Voilà ma magie ! Voilà ce que tu ne pourras jamais ôter de tes veines […] Nous sommes unis, nous, comme l’enfant l’est à la mère pour avoir partagé le sang de ses entrailles.»
In L'Opinion indépendante, le 15/06
mardi 12 juin 2007
Filles de l'Est
A Rolland-Garros, cette année, je n'ai vu que la sauvageonnerie de Nadal, le revers classieux de Federer et toutes les petites soeurs de Marat Safin.
Les petites soeurs de Marat, héros russe des coeurs et des courts, s'appellent Anna (Ivanovic), Jelena (Jankovic), Maria (Scharapova), Nicole (Vaidisova) ou Anastasia (Myskina). Elles viennent de Serbie, de Tchéquie, de la vieille Union Soviétique en lambeaux. Des filles de l'Est aux corps de guerrières sensuelles, au jeu étincelant comme des flocons de neige dans un ciel de nuit à Saint-Petersbourg.
Longtemps Anastasia était ma préférée. J’étais fou de la barrette rouge qui retenait sa mèche, une barrette hautement sexy, une barrette qui brillait comme une bague au doigt d’une pie voleuse. Je n'ai pas oublié Anastasia et j'ai découvert Anna (Ivanovic), dont la robe courte noire, non contente de révéler des jambes bronzées à affoler tous les compas, matadorait, telle une muleta, toutes les balles adverses.
Il faut être défitivement con comme Philippe Delerm pour ne pas ressentir, très profondément, que la beauté du jeu d'Anna est le reflet parfait de sa grâce de danseuse. Une danseuse dont la scène serait un rectangle de terre orange.
Aux premières loges du ballet, je ne me lasse pas de célébrer l'éclat d'Anna et des filles de l'Est.
Terrasse de bistrot
J'ai entendu, en terrasse d'un bistrot, une jeune fille blonde aux taches de rousseur ensoleillées offrir à son ami des mots enchanteurs et légers comme des bulles de champagne :
_ Je t'embrasse à demi : j'ai une moitié de bouche anesthésiée, c'est très étrange...
D'un seul coup, bizarrement, l'air devient moins lourd. Il reste encore quelque demoiselle à la langue d'héroïne.
Tout est bien et délicat et caressant aux terrasses de bistrot de mon immonde préféré.
vendredi 8 juin 2007
Petit prince assassiné
L'Equipe, canard mort avec Antoine Blondin, feint de s'émouvoir de la tentative de suicide de Franck Vandenbroucke, dandy belge qu'a aimé, et qu'aime toujours, la Petite Reine.
L'Equipe pleurniche sur le destin "tragique" de cet artiste à la pédalée éminemment classieuse.
L'Equipe nous apprend ce que l'on savait : VDB était accro à la coco, il avait des "problèmes personnels", il était "dépressif". L'Equipe, comme d'autres, n'est pas loin de penser que Franck était programmé, génétiquement, pour ingurgiter des cachetons à gogo et se taillader les veines un soir de juin. Pour L'Equipe, Franck est une mauvaise réplique de Marco Pantani, Italien mi feu follet mi homme que le journal était heureux de ne plus voir sur le Tour de France.
Ce qu'oublie de dire, d'écrire, L'Equipe, c'est que VDB, comme Marco, a perdu la tête quand on lui a brisé les jambes, quand on a destroyé sa belle machine en coulisses, quand on lui a interdit de se produire sur scène. La scène de VDB appartenait à la mémoire de nos vieux pays du Vieux continent, à leurs paysages. Franck en était le petit prince. Franck n'a pas supporté qu'on l'empêche de tutoyer la beauté.
Ce qu'oublie de dire, d'écrire, L'Equipe, c'est qu'ils ont été les premiers à tomber sur le paletot de Franck, à saloper son maillot et le plaisir qu'il trimbalait sur toutes les routes.
Ce qu'oublie de dire, d'écrire, L'Equipe, c'est qu'ils sont été les premiers à mettre un rasoir entre les mains de VDB, petit prince assassiné.
L'Equipe pleurniche sur le destin "tragique" de cet artiste à la pédalée éminemment classieuse.
L'Equipe nous apprend ce que l'on savait : VDB était accro à la coco, il avait des "problèmes personnels", il était "dépressif". L'Equipe, comme d'autres, n'est pas loin de penser que Franck était programmé, génétiquement, pour ingurgiter des cachetons à gogo et se taillader les veines un soir de juin. Pour L'Equipe, Franck est une mauvaise réplique de Marco Pantani, Italien mi feu follet mi homme que le journal était heureux de ne plus voir sur le Tour de France.
Ce qu'oublie de dire, d'écrire, L'Equipe, c'est que VDB, comme Marco, a perdu la tête quand on lui a brisé les jambes, quand on a destroyé sa belle machine en coulisses, quand on lui a interdit de se produire sur scène. La scène de VDB appartenait à la mémoire de nos vieux pays du Vieux continent, à leurs paysages. Franck en était le petit prince. Franck n'a pas supporté qu'on l'empêche de tutoyer la beauté.
Ce qu'oublie de dire, d'écrire, L'Equipe, c'est qu'ils ont été les premiers à tomber sur le paletot de Franck, à saloper son maillot et le plaisir qu'il trimbalait sur toutes les routes.
Ce qu'oublie de dire, d'écrire, L'Equipe, c'est qu'ils sont été les premiers à mettre un rasoir entre les mains de VDB, petit prince assassiné.
jeudi 7 juin 2007
Sombres nouvelles du « monde d’après »
Etiqueté « néo-hussard » à ses débuts, rattaché au polar lors de la parution du crépusculaire Monnaie bleue puis à la science-fiction avec Big Sister, Jérôme Leroy n’est pas homme à se laisser mettre en fiches. Lecteur de Blondin et de Marx, de Céline et de Ballard, d’Orwell et de la Série noire, il a depuis longtemps déclaré la guerre du style à un temps dans lequel il est de plus en plus difficile de vivre. Qu’il signe un roman, des poèmes ou des nouvelles, toutes les armes lui sont précieuses pour mener le baroud d’honneur d’un homme libre contre une époque qui traque sans faiblir ce qui reste, en elle, de « très fugitive beauté ». Des nouvelles, Leroy nous en offre une grosse poignée avec Comme un fauteuil Voltaire dans une bibliothèque en ruines[1]. Elégantes et désespérées, elles ont la saveur corsée d’un dernier verre d’eau-de-vie avant l’assaut final du « monde d’après ». Le « monde d’après », nous dit Leroy livre après livre, c’est aujourd’hui dans nos villes et au cœur de chacun. Un monde où la démolition programmée des vieux repères se poursuit méthodiquement : de la consommation obligatoire aux délocalisations sauvages, des dérèglements climatiques à la chasse aux « déviants » de tous bords, des licenciements massifs aux violences généralisées.
Leroy ancre Comme un fauteuil Voltaire dans une bibliothèque en ruines dans ces décombres au goût de cendre. Il nous y raconte les bribes de vie cauchemardesques de héros qu’il affectionne : des professeurs de lettres, des commissaires paumés, des flâneurs épris de bonnes bouteilles, des mercenaires en rupture de causes, des demoiselles à la beauté affolante. Ils constituent une petite bande de frondeurs qui, d’une nouvelle l’autre, se parlent, trinquent, s’aiment pour oublier l’ordre du jour asphyxiant et ses gardiens aux masques de mort. L’un de ces personnages, se rappelant l’enfant qu’il fut, dresse d’ailleurs l’état des lieux de ce qui ressemble à la mise à sac de l’Histoire : « Quand j’étais petit garçon, si l’on m’avait dit que j’allais vivre dans un monde où l’on risque sa peau en mangeant, en se baignant, en faisant l’amour, un monde […] où la fête est devenue une obligation […] où l’on ne peut plus jamais être seul sans avoir l’air suspect de maladie mentale, où vouloir faire un enfant à une femme en entrant en elle est devenu obscène, alors, tu vois, j’aurais dit à ce type que j’aimais bien la science-fiction, mais que là, il y allait tout de même un peu fort. »
Avant le « déclenchement muet des opérations cannibales », il ne reste en effet que le souvenir de ce qui était, de ce qui n’est plus : une certaine douceur de vivre qui incitait, par exemple, à fuguer là où la mer fait « un magnifique miroir cuivré », un amour fou de jeunesse à ses côtés avec, dans la poche de son pardessus, une édition rare de L’Iliade.
in L'Opinion indépendante, le 08/06
[1] Comme un fauteuil Voltaire dans une bibliothèque en ruines, Mille et une nuits, 213 pages, 12 euros
Leroy ancre Comme un fauteuil Voltaire dans une bibliothèque en ruines dans ces décombres au goût de cendre. Il nous y raconte les bribes de vie cauchemardesques de héros qu’il affectionne : des professeurs de lettres, des commissaires paumés, des flâneurs épris de bonnes bouteilles, des mercenaires en rupture de causes, des demoiselles à la beauté affolante. Ils constituent une petite bande de frondeurs qui, d’une nouvelle l’autre, se parlent, trinquent, s’aiment pour oublier l’ordre du jour asphyxiant et ses gardiens aux masques de mort. L’un de ces personnages, se rappelant l’enfant qu’il fut, dresse d’ailleurs l’état des lieux de ce qui ressemble à la mise à sac de l’Histoire : « Quand j’étais petit garçon, si l’on m’avait dit que j’allais vivre dans un monde où l’on risque sa peau en mangeant, en se baignant, en faisant l’amour, un monde […] où la fête est devenue une obligation […] où l’on ne peut plus jamais être seul sans avoir l’air suspect de maladie mentale, où vouloir faire un enfant à une femme en entrant en elle est devenu obscène, alors, tu vois, j’aurais dit à ce type que j’aimais bien la science-fiction, mais que là, il y allait tout de même un peu fort. »
Avant le « déclenchement muet des opérations cannibales », il ne reste en effet que le souvenir de ce qui était, de ce qui n’est plus : une certaine douceur de vivre qui incitait, par exemple, à fuguer là où la mer fait « un magnifique miroir cuivré », un amour fou de jeunesse à ses côtés avec, dans la poche de son pardessus, une édition rare de L’Iliade.
in L'Opinion indépendante, le 08/06
[1] Comme un fauteuil Voltaire dans une bibliothèque en ruines, Mille et une nuits, 213 pages, 12 euros
L’esprit de résistance de Frédéric H. Fajardie
Depuis 1979 et Tueurs de flics, Frédéric H. Fajardie n’en fait qu’à sa tête. D’abord rattaché au néo-polar français, il adopte rapidement la position du franc-tireur. Publiant trois ou quatre livres par an, il alterne recueils de nouvelles, romans policiers ou historiques, mais aussi des pamphlets et ce qu’il nomme des « curiosités ». Fajardie aime se jouer des genres pour mieux les faire exploser et imposer son style de dandy tendance « marxiste libertaire ». Ainsi Tu ressembles à ma mort[1] était initialement une commande du CE des cheminots du Nord-Pas-de-Calais et de l’association Colères du Présent pour fêter les 70 ans de la SNCF, « cette dame d’un âge respectable, qui a encore de beaux jours devant elle, à condition que nous soyons tous convaincu de la place qu’elle occupe ». Dès la première phrase – « L’homme, Robert Tinaire, ignorait qu’il allait être assassiné dans quelques dizaine de minutes » -, Fajardie donne le ton : il transforme la commande de circonstance en polar historique et social qu’il va mener, avec sa maestria sèche et fulminante comme une colère, pied au plancher.
Nous sommes en mars 1938, dans une France d’avant le grand bouleversement, bordée par l’Allemagne nazie revancharde, l’Italie de Mussolini et l’Espagne franquiste. Le second gouvernement Blum, tout juste nommé, croit encore aux lendemains enchanteurs. Des armes et des munitions doivent être acheminées, par « trains fantômes », de Paris à Dunkerque, pour être ensuite livrées aux Républicains espagnols. Mais l’opération prend une tournure catastrophique : plusieurs cheminots en charge de la cargaison sont retrouvés sauvagement poignardés. Alors que l’enquête officielle s’égare, Henri Perlbag, commissaire de la Sûreté nationale, est appelé à la rescousse. Ses états de service parlent pour lui : fils de cheminot, héros de la « boucherie » de 1914, policier d’exception, fumeur de Craven et socialiste de conviction. Un homme libre dans un pays déchiré entre « cocos » et « fachos », un homme qui porte ses blessures à fleur de peau et pour lequel l’honneur est le dernier refuge des amoureux de cette « drôle de vie ». Entre Paris et Arras, dans un wagon de première classe ou au volant d’une petite voiture tchèque, Perlbag traque ses ennemis : des fascistes, des gros bras cagoulards, des arrivistes corrompus. En chemin, il trouve l’amour, cette émotion oubliée qui lui rappelle que « dans un monde parfait, les baisers devraient avoir un goût d’orange. » Malgré les trahisons, il déjoue, entouré de quelques fidèles, le complot contre la France fomenté par un émissaire du Duce. La victoire est belle mais la mort n’est pas loin, à peine repoussée. Perlbag le sait, lui qui, en guise d’adieu, se souvient des mots de Miguel de Unamuno devant Franco : « Vous vaincrez parce que vous possédez la force brutale mais vous ne convaincrez pas car pour convaincre, il faut persuader. Or, pour persuader, il vous faudrait avoir tout ce qui vous manque : le droit et la raison. »
Nous sommes en mars 1938, dans une France d’avant le grand bouleversement, bordée par l’Allemagne nazie revancharde, l’Italie de Mussolini et l’Espagne franquiste. Le second gouvernement Blum, tout juste nommé, croit encore aux lendemains enchanteurs. Des armes et des munitions doivent être acheminées, par « trains fantômes », de Paris à Dunkerque, pour être ensuite livrées aux Républicains espagnols. Mais l’opération prend une tournure catastrophique : plusieurs cheminots en charge de la cargaison sont retrouvés sauvagement poignardés. Alors que l’enquête officielle s’égare, Henri Perlbag, commissaire de la Sûreté nationale, est appelé à la rescousse. Ses états de service parlent pour lui : fils de cheminot, héros de la « boucherie » de 1914, policier d’exception, fumeur de Craven et socialiste de conviction. Un homme libre dans un pays déchiré entre « cocos » et « fachos », un homme qui porte ses blessures à fleur de peau et pour lequel l’honneur est le dernier refuge des amoureux de cette « drôle de vie ». Entre Paris et Arras, dans un wagon de première classe ou au volant d’une petite voiture tchèque, Perlbag traque ses ennemis : des fascistes, des gros bras cagoulards, des arrivistes corrompus. En chemin, il trouve l’amour, cette émotion oubliée qui lui rappelle que « dans un monde parfait, les baisers devraient avoir un goût d’orange. » Malgré les trahisons, il déjoue, entouré de quelques fidèles, le complot contre la France fomenté par un émissaire du Duce. La victoire est belle mais la mort n’est pas loin, à peine repoussée. Perlbag le sait, lui qui, en guise d’adieu, se souvient des mots de Miguel de Unamuno devant Franco : « Vous vaincrez parce que vous possédez la force brutale mais vous ne convaincrez pas car pour convaincre, il faut persuader. Or, pour persuader, il vous faudrait avoir tout ce qui vous manque : le droit et la raison. »
in L'Opinion indépendante, le 08/06
[1] Tu ressembles à ma mort, Editions des Equateurs, 219 pages, 17 euros.
[1] Tu ressembles à ma mort, Editions des Equateurs, 219 pages, 17 euros.
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