Nous sommes en mars 1938, dans une France d’avant le grand bouleversement, bordée par l’Allemagne nazie revancharde, l’Italie de Mussolini et l’Espagne franquiste. Le second gouvernement Blum, tout juste nommé, croit encore aux lendemains enchanteurs. Des armes et des munitions doivent être acheminées, par « trains fantômes », de Paris à Dunkerque, pour être ensuite livrées aux Républicains espagnols. Mais l’opération prend une tournure catastrophique : plusieurs cheminots en charge de la cargaison sont retrouvés sauvagement poignardés. Alors que l’enquête officielle s’égare, Henri Perlbag, commissaire de la Sûreté nationale, est appelé à la rescousse. Ses états de service parlent pour lui : fils de cheminot, héros de la « boucherie » de 1914, policier d’exception, fumeur de Craven et socialiste de conviction. Un homme libre dans un pays déchiré entre « cocos » et « fachos », un homme qui porte ses blessures à fleur de peau et pour lequel l’honneur est le dernier refuge des amoureux de cette « drôle de vie ». Entre Paris et Arras, dans un wagon de première classe ou au volant d’une petite voiture tchèque, Perlbag traque ses ennemis : des fascistes, des gros bras cagoulards, des arrivistes corrompus. En chemin, il trouve l’amour, cette émotion oubliée qui lui rappelle que « dans un monde parfait, les baisers devraient avoir un goût d’orange. » Malgré les trahisons, il déjoue, entouré de quelques fidèles, le complot contre la France fomenté par un émissaire du Duce. La victoire est belle mais la mort n’est pas loin, à peine repoussée. Perlbag le sait, lui qui, en guise d’adieu, se souvient des mots de Miguel de Unamuno devant Franco : « Vous vaincrez parce que vous possédez la force brutale mais vous ne convaincrez pas car pour convaincre, il faut persuader. Or, pour persuader, il vous faudrait avoir tout ce qui vous manque : le droit et la raison. »
in L'Opinion indépendante, le 08/06
[1] Tu ressembles à ma mort, Editions des Equateurs, 219 pages, 17 euros.
[1] Tu ressembles à ma mort, Editions des Equateurs, 219 pages, 17 euros.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire