C’est de mieux en mieux la collection « Petit éloge de », chez Gallimard. Avant l’été, Frédéric Martinez nous avait offert une flânerie profonde et légère : Petit éloge des vacances. On y respirait, sous la plume de cet afficionado de Paul-Jean Toulet et autres excentriques, l’air d’une certaine dolce vita à la française où les petits luxes de la vie, la volupté et le charme des passantes prennent toute la place. Si Martinez annonçait la plus belle des saisons, Elsa Marpeau, avec Petit éloge des brunes, la prolonge.
L’été,
qu’on
se
le
dise,
c’est
le
territoire
des
brunes
dont
les
cheveux,
alors,
se
parent
d’exquis
reflets.
On
peut
imaginer,
ainsi,
une
longue
demoiselle
à
la
peau
bronzée,
parée
d’un
bikini
noir,
s’allongeant
sur
une
plage
et
sortant
de
son
sac
un
roman
de
James
Salter
ou
de
Lionel
Shriver
dont
elle
effleurera
les
pages
de
quelques
mèches
couleur
nuit.
Cette
demoiselle
n’est
pas
dans
le
livre
d’Elsa
Marpeau ;
elle
pourrait.
Brune
stylée
elle-même
et
auteur
de
beaux
romans
à
la
Série
Noire
– on
pense
à
Black
Block
et
L’Expatriée
notamment
-,
Elsa
Marpeau
connaît
son
sujet.
Ca
tombe
bien.
Avec
elle,
on
a
envie,
pour
une
fois,
d’oublier
un
peu
BB
dans
Le
Mépris
ou
Amber
Heard
dans
tous
ses
films.
Pour
nous
raconter
les
brunes,
Marpeau
a
choisi
la
forme
de
l’abécédaire.
De
A
comme
Ava
à
Z
comme
Zélotes,
en
passant
par
Bohémienne,
Diabolique,
Lesbienne
ou
Tentatrice,
c’est
une
réussite,
ça
incite
à
la
balade
entre
des
lignes
qui
nous
amènent
aux
confins
de
l’Afrique
et
de
l’Asie.
Dès
les
premiers
mots,
nous
sommes
touchés :
« La
plus
belle
femme
du
monde
est
brune. »
On
ne
peut
qu’acquiescer,
encore
plus
en
admirant
le
casting
réuni
par
Marpeau.
La
liste
de
ses
invitées
impressionne :
Audrey
Hepburn,
Monica
Bellucci,
Naomi
Campbell,
Salma
Hayek,
Penelope
Cruz,
Elizabeth
Taylor,
on
en
oublie.
Puisqu’il
faut
des
chevaliers
servants
pour
ces
brunes
fatales,
Marpeau
a
convoqué
quelques
poètes
amoureux :
Nerval,
Baudelaire
ou
Jacques
Grévin.
Ils
connaissent
les
mots
de
passe
pour
célébrer
la
grâce.
Tout
comme
Elsa
Marpeau,
dont
chaque
phrase,
à
la
caresse
et
à
l’assaut,
nous
enchante.
Celle-ci,
en
guise
d’ultime
baiser
volé :
« Si
l’on
devait
ébaucher
une
histoire
du
brun
au
féminin,
cela
commencerait
par
le
sexe
et
finirait
par
le
sexe. »
Elsa
Marpeau,
Petit
éloge
des
brunes,
Gallimard,
2013
Texte paru dans Causeur, octobre 2013