mardi 1 mai 2012

Mon amie Nane


Fin de la terre, on a lu, entre les gouttes de pluie et le soleil se pointant Pointe Saint-Mathieu, Roland Jaccard et des textes courts de David Di Nota.
On a regardé en dévédé L'art d'aimer d'Emmanuel Mouret, des films noirs et sensuels de Jean-Claude Brisseau et puis le très bon Grand alibi de Pascal Bonitzer, d'après Agatha Christie.
On a retrouvé, aussi, la vieille édition du livre de poche de Mon amie Nane, de Paul-Jean Toulet. Un roman léger et profond, un roman dilettante et classieux, un roman buissonnier où les héroïnes sont pleine de grâce, un roman où les sourires, l'alcool, les volutes de fumée cachent à peine la mélancolie au coeur des hommes et des exquises belles de jour, de nuit. Un roman tel qu'on n'en trouve plus guère, aujourd'hui.
Il est vrai que Toulet est mort, comme Pierre de Régnier et Jean de Tinan. Heureusement, dans les mots de quelques-uns - l'infâme RJ encore, Jérôme Leroy, Christian Authier, Frédéric Beigbeder, Christian Laborde, Guillaume Zorgbibe, Frédéric Schiffter ... -, Toulet est toujours là et sa langue, à la caresse des sens, n'a pas fini de nous enchanter :
"Cette amie que je veux te montrer sous le linge, ô lecteur, ou bien parée des mille ajustements qui étaient comme une seconde figure de sa beauté, ne fut qu'une fille de joie—et de tristesse."

"Mais Nane était bien plus que cela, un signe écrit sur la muraille, l'hiéroglyphe même de la vie : en elle, j'ai cru contempler le monde."

"A cette époque mon amie Nane était presque une inconnue pour moi, bien loin de m'appartenir en propre. A vrai dire, et dans la suite même, je n'ai jamais recherché le monopole de sa tendresse. N'eût-ce pas été de l'égoïsme ? Outre qu'il en faudrait avoir les moyens."

"En vérité, ce qu'elle aimait le plus de lui, ce n'était pas sa présence."

"Il n'entrait point dans les intentions de Nane de se montrer, en son veuvage, plus fidèle à Bélesbat qu'elle ne faisait d'ordinaire. Elle continua donc à le tromper, quoique avec moins de plaisir depuis qu'il était loin."
"Je vis quelque chose de clair, de blanc, de rose, qui décrivait une élégante parabole : c'était Nane. "

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