Je me souviens avoir lu, sur la couverture vermillon : « Métaphysique du Strip-tease ». Et j'ai acheté.
Le titre, très moyen, était Le diable et la licorne, et l’auteur, que je ne connaissais pas : Jean-Pierre Georges.
J’ai ouvert le bouquin, feuilleté. Je suis revenu sur la première phrase : « J’avais le goût du sexe et la passion de l’érotisme et fus naturellement aimanté par celle qui les représentait à l’envi sur les scènes des cabarets et des théâtres. »
D’entrée, ça chauffait, c’était du bon, du classieux. J'ai poursuivi : « Rien, ou presque, à mes yeux, ne le cédait à l’attrait imprévu d’une fine bretelle tombant impromptue sur l’épaule nue d’une fille ou à la provocation d’une dentelle dépassant d’une étoffe sévère. »
Quel enchaînement, quelle pureté dans l’image ciselée, de la bombe, du KO ! Tout était dans cette phrase. Tout le roman à venir, tout ce que j’aime, toutes les silhouettes, les fines bretelles et les grains de peau qui font les héroïnes. Cette phrase, depuis, je me la repasse en boucle.
Dans Le diable et la licorne, Jean-Pierre Georges nous aimante. Il nous prend dans un filet à papillons de nuit où L.M. - la Licorne - danse, joue, hurle, se maquille pour nous. Dans ce filet, où sexe et sensualité se roulent des pelles, on croise Pierre Bourgeade, Guy Debord, Maïakovski, Louison Bobet et Claude Nougaro. Une folle tribu où je me sens chez moi.
Evoquant Nougaro, Jean-Pierre Georges l’appelle « le poète ». Et que dit « le poète » de la muse, de L.M. la belle incendiaire ? « L.M. c’est une héroïne au sens le plus complet du mot. C’est une grande brûlée. C’est une déesse. C’est une femme qui détonne sur l’âme d’un homme. Elle sort de la cuisse d’Audiberti. C’est vraiment une de ces fées sorcières d’Audiberti. Elle s’est mouillée jusqu’à ses entrailles sur cette scène où elle ne faisait rien d’autre qu’une messe. »
Les mains jointes, je joue le jeu de Nougaro et de Georges. J’assiste à la messe. Je suis un communiant. Je ne perds pas une miette du récit, de la liturgie. Je mange, je croque les entrailles, le cœur, les hanches obsédantes de la Licorne. Je la suis jusqu’à la chambre d’hôtel où elle s’est endormie. Ses paupières sont de celles qu’on baise délicatement pour apaiser les cauchemars, pour provoquer les ivresses du lendemain. Après le chemin des fugues main dans la main, après l’errance au pays des songes, la Licorne se tirera.
Malgré les cris, les insultes, les coups, les mains qui se serrent autour d’un cou, Jean-Pierre Georges garde la silhouette de L.M. au chaud de sa mémoire très vivante. Les mots qu’il découpe pour sa muse enfuie sont une divine étoffe pour affronter l’hiver.
Le titre, très moyen, était Le diable et la licorne, et l’auteur, que je ne connaissais pas : Jean-Pierre Georges.
J’ai ouvert le bouquin, feuilleté. Je suis revenu sur la première phrase : « J’avais le goût du sexe et la passion de l’érotisme et fus naturellement aimanté par celle qui les représentait à l’envi sur les scènes des cabarets et des théâtres. »
D’entrée, ça chauffait, c’était du bon, du classieux. J'ai poursuivi : « Rien, ou presque, à mes yeux, ne le cédait à l’attrait imprévu d’une fine bretelle tombant impromptue sur l’épaule nue d’une fille ou à la provocation d’une dentelle dépassant d’une étoffe sévère. »
Quel enchaînement, quelle pureté dans l’image ciselée, de la bombe, du KO ! Tout était dans cette phrase. Tout le roman à venir, tout ce que j’aime, toutes les silhouettes, les fines bretelles et les grains de peau qui font les héroïnes. Cette phrase, depuis, je me la repasse en boucle.
Dans Le diable et la licorne, Jean-Pierre Georges nous aimante. Il nous prend dans un filet à papillons de nuit où L.M. - la Licorne - danse, joue, hurle, se maquille pour nous. Dans ce filet, où sexe et sensualité se roulent des pelles, on croise Pierre Bourgeade, Guy Debord, Maïakovski, Louison Bobet et Claude Nougaro. Une folle tribu où je me sens chez moi.
Evoquant Nougaro, Jean-Pierre Georges l’appelle « le poète ». Et que dit « le poète » de la muse, de L.M. la belle incendiaire ? « L.M. c’est une héroïne au sens le plus complet du mot. C’est une grande brûlée. C’est une déesse. C’est une femme qui détonne sur l’âme d’un homme. Elle sort de la cuisse d’Audiberti. C’est vraiment une de ces fées sorcières d’Audiberti. Elle s’est mouillée jusqu’à ses entrailles sur cette scène où elle ne faisait rien d’autre qu’une messe. »
Les mains jointes, je joue le jeu de Nougaro et de Georges. J’assiste à la messe. Je suis un communiant. Je ne perds pas une miette du récit, de la liturgie. Je mange, je croque les entrailles, le cœur, les hanches obsédantes de la Licorne. Je la suis jusqu’à la chambre d’hôtel où elle s’est endormie. Ses paupières sont de celles qu’on baise délicatement pour apaiser les cauchemars, pour provoquer les ivresses du lendemain. Après le chemin des fugues main dans la main, après l’errance au pays des songes, la Licorne se tirera.
Malgré les cris, les insultes, les coups, les mains qui se serrent autour d’un cou, Jean-Pierre Georges garde la silhouette de L.M. au chaud de sa mémoire très vivante. Les mots qu’il découpe pour sa muse enfuie sont une divine étoffe pour affronter l’hiver.
Jean-Pierre Georges, le diable et la licorne, Table ronde, 2004.
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