mercredi 28 décembre 2011

Matthieu de Boisséson échappe aux tueurs


Notre camarade Leroy en a parlé très bien dans Causeur (http://www.causeur.fr/l%E2%80%99art-de-la-fugue,14231) et sur son blogue : http://feusurlequartiergeneral.blogspot.com/2011/12/echapper-aux-tueurs.html.
Frédéric Beigbeder l'a fait dans Le Figaro Magazine : http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2011/11/19/01006-20111119ARTFIG00577-echapper-aux-ploucs.php.
Echapper aux tueurs est de ces livres rares et précieux à lire et à relire, lors d'un voyage en train par exemple, alors que défilent les paysages d'hiver, de la fin de la terre jusqu'à Paris.
A lire, à relire, en soulignant fusées et fulgurances, profondes et légères :
S'inquiétant de mon état morose, mon ami JL, qui travaille dans la mode, m'annonce la venue chez moi, pour une fashion week, de quatre mannequins de nationalités diverses. Je pense qu'il plaisante. Un soir, je les retrouve toutes les quatre à m'attendre sous le porche, avec de nombreux bagages. Elles devaient rester une semaine. Elles resteront trois mois.”
Leur beauté est une étrangère : ce sont des êtres venus d'ailleurs, qui vont étonner tout l'immeuble en montant et descendant les escaliers.”
Quand elles furent parties (mais certaines allaient revenir), je découvris qu'elles m'avaient soigné. J'avais été leur hôte.”
Il faut dire aussi que la beauté est une menace, ce que savent les nymphes et les déesses.”
Marie, qui a 19 ans, semble entourée d'un halo de brume.”

Les correspondances, les voyages impossibles, celui qui reste et celui qui part, celui qui part trop tard, tout cela procède d'un mouvement émerveillé."

"En lisant, nous nous apercevons que nous chuchotons parfois avec des femmes, vivantes ou mortes, souvent oubliées, qui ont aimé avec un élan qui nous touche – parfois nous accable – par sa pureté. Certaines appartiennent au cercle des Délaissées dont parlait Rilke. Dans ce qu'elles disent souffle le vent d'une navigation sans retour.”


Nager dans les îles d'Angra dos Reis, avec les montagnes aux alentours. L'eau est à la fois pure et limoneuse. On plonge et, quand on a la tête dans l'eau, on ne voit pas le sable. Paraissent émerger de la mer les chevelures savamment désordonnées des îles, la texture serrée de leurs boucles dans lesquelles, le soir, tombent les étoiles tandis que les oiseaux se taisent.”

Les voyages brefs, que mon travail m'a parfois amené à faire, sont de brusques intermèdes, comme une irruption d'images, qui ont parfois la force de décharges électriques.”

Il faudrait que quelque chose se passe, que je m'éveille, que je marche au hasard la nuit dans une rue sidérée, que je parte à l'aveugle vers la fête du bouquet, vers les voix fraîches, à l'heure où les premiers soupirs se font entendre derrière des volets clos, et où la montagne va entrer par la fenêtre.”

Dans tout vêtement, il y a un tonique ressentiment.”

Peu avant sa mort, elle réclama simultanément l'extrême-onction et une robe pour l'été.”

Dans les rues soufflent des vents coulis glacés”

Echappe aux tueurs, laisse moi m'occuper de tes
regrets mécaniques”

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