Je me souviens , c'était l'été dernier. 30 degrés et des poussières, l’ombre se planque. En terrasse, je bois des demis, allume une bastos et goûte les mots de Jérôme Leroy.
L’ombre – son couteau froid et ses doigts de fée -, je la trouve dans Le déclenchement muet des opérations cannibales (Editions des Equateurs). Des poèmes, des récits, des lambeaux d’homme à l’heure de la fin du monde.
La fin du monde ? Comme Céline, JG Ballard ou Dominique de Roux, Leroy l’a sous les yeux : les villes cassées de notre enfance, la douceur des saisons passées par les armes, la négation permanente de la beauté des lucioles. Face à ça, le poète, en mercenaire classe de la seule grâce, se promène, se souvient et sourit. Ses pas l’amènent dans les rues de Pékin et d’Abbeville, de Lisbonne ou de Saint-Malo. Et son sourire fait apparaître d’autres sourires, d’autres silhouettes. Scarlett Johansson dans Lost in Translation, dans Match Point – « La fin du monde viendra / Et elle aura les yeux / de Scarlett Johansson » -, Asia Argento et son angélique tatouage dans New rose Hotel, les jeunes filles à la peau bronzée qui, en Bretagne et ailleurs, « quittent la plage en scooter ».
Que dire, aujourd’hui, à ces Lolita du temps qui passe ? Leur parler de ce « blues de chinois » qui étreint les derniers dandys, du groove si sexy de Marvin Gaye, des belles fugitives de 40 ans. Leur parler des amours qui naissent dans le reflet de cristal[1] d’un verre de pouilly fuissé et surtout, surtout, prononcer ces mots : « Nous avions des terrasses / Pour l’indolence et le bonheur / L’amitié avec l’espace / Pour le plaisir et la nuit / Le vin blanc glacé et les cohibas / Pour la lecture de Pasolini / Pour caresser les bras des filles. »
En terrasse, je bois des demis, j’allume une autre bastos. Je suis, comme Leroy, « un pâle fantôme français » un peu saoul rêvant, pour s’achever, de bouffer la chatte de sa muse.
[1] A lire également, de Jérôme Leroy : Rêves de cristal (Editions des 1001 nuits). Une novella où les princesses sont « mimosa » et s’appellent Yukiko. Une forme d’enchantement qui torrée le réel.
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15 commentaires:
Un verre de Dilettante et le Déclenchement (un exemplaire pour Michel Bultô), puis une virée chez Gibert pour acheter, ivre, tous les livres fondateurs.
Mieux vaut les livres du Dilettante qu'une bouteille de La Dilettante…
Mieux vaut une bouteille de la Dilettante avant d'acheter les livres du Dilettante.
Mieux vaut toujours une bouteille de la Dilettante.
Allons à l'Insolite.
Plutôt une bouteille de Trinch ! alors pour rester chez Breton, mais alors il faut lire Rabelais…
Un cours-cheverny de Benoît Daridan, réveil frais garanti, les bulles fines encore en bouche.
Je voudrais que tu saches que la Terre, ce n'était pas si mal
(Il y a une ponctuation, tu disais que tu n'en mettais pas, mais c'est bien une virgule. Quelques tirets d'incise parfois, moins une ponctuation que des mots blancs)
Bon, on avait cru avoir démasqué l'anonyme : erreur. Alors who are you, DilettanteMan?
ou Woman ?
Il y a deux anonymes différents, c'est une certitude (enfin je le sais) dont woman mais quel est ce ou cette spécialiste es-dilettante ? Livre et bouteille.
L'attachée de presse du DIlettante ?
Je veux bien faire attachée de presse de LA Dilettante. Kelp a été au Dilettante, plus ou moins à la presse, d'ailleurs.
Anonyme, le vrai ou vraie, ne boit plus de Breton (trop de bois), n'a jamais lu Breton (trop de toc), mais continue de lire les productions du Dilettante car La Dilettante de P. Thomas, ce n'était pas bien fameux, enfin sans doute moins pire qu'Ensemble c'est tout de la dilettante AG par Berri
Continuons à nager dans le code, les Breton sont chers et, nouvelle convertie et zélatrice, je ne cesse de goûter, raisin, sauvagerie, avec en BO un disque de Mobley, sur papier in english une merveilleuse et folle histoire du jazz, du blues, du Sud, et en français et au lit La Traversée des frontières. La belle vie.
Le plus gênant chez les Breton, ce n'est pas tellement leur prix, mais leur goût… Cependant, entre lire Vernant et boire du Breton : pas d'hésitation. Une Perrières 98, vite !
Une bouteille de Villageoise et Jacqueline de Romilly ? Là je choisis l'anonymat.
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