Grâce à Thomas A. Ravier – qui publiait Le scandale Mc Enroe[1]-, l’automne a eu le goût d’un été de notre enfance. Un saison qui posait, chaque mois de juin, ses valises légères sur la terre battue de Rolland Garros. Rolland Garros, c’était l’été, même avant l’heure. Et l’enfance, son esprit Bernanosien, c’est Mc Enroe. Fin des années 70, débuts des années 80. Sur le court, un « voyou des stades », un « punk ricain émotif », « d’Artagnan dépenaillé et préhistorique, un mousquetaire dévergondé, cavalier passionné du nouveau monde » n’en fait qu’à sa fête. C’est à dire à sa classe folle de danseur colérique matadorant la petite balle jaune. En face, ses adversaires s’appellent Jimmy Connors, Vitas Gerulaitis, Bjorn Borg, Victor Pecci ou Yannick Noah. Comme John, de sacrés larrons. Ils aiment les belles caisses, l’alcool, les cigarettes, les pétards mais jouent leur vie à chaque match. Ils fracassent leur raquette quand l’arbitre ne voit pas une balle out. Ils plongent pour sauver, au filet, une balle de break. Et ça attaque ! Service slicé croisé de Mac Enroe. Connors – « terroriste trivial dans les jardins diaphanes de l’aristocratie » dixit Ravier - remet un passing terrible le long de la ligne. Mac Enroe, monté à contre-temps, se jette, volée amortie. Connors a déjà lancé sa course, il remet... Au changement de côté, les regards haineux se cognent, les insultes sont de sortie.
Pour se rappeler John Mac Enroe, il faut lire le court texte magnifique de Thomas Ravier. Il y parle du corps des champions, de l’électricité composante du génie, de New York, du jazz et de la solitude du héros face aux cochons. Ravier aime NTM, Céline, Proust, Morand, Nabokov, Michael Jordan et Mac Enroe. Un cocktail qui déchire et qui nous dit que les artistes, quel que soit leur style, trinquent au même zinc.
[1] Thomas A. Ravier, Le scandale John Mc Enroe, L’Infini Gallimard, 108 pages.
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2 commentaires:
Mc Enroe for ever.
Jim Thompson for ever.
Georges Marchais for ever.
Encore une sainte trinité !
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