Louise, ma Lou’,
Il est trois heures du matin. J’écoute la voix de loup blessé de Daniel Darc, la musique cruelle et enfantine de Frédéric Lo. Comme eux, « Je me souviens, je me rappelle ». L’aube, les apparitions, les frissons, les lieux, les nuits, les étoiles belles, et toi ma Louise, toi au souffle si tranquille, toi qui t’es pointée un soir de juin.
Tu dors et ta maman aussi, à côté de toi. Je t’ai laissé ma place pour mieux te regarder. Pour te dire « Je t’aime », comme un fou que je suis. A côté de moi, le chat Pablo et les feuillets de mes Braconnages d’été.
Dans quelques mois, dans quelques années, tu les liras. Ils sont pour toi. Un baiser, une caresse, un mot dit à ton oreille. Des bribes de toi, des lambeaux de moi sur le ring désincarné du siècle.
Tu rigoleras sûrement aux éclats à la lecture de mes moqueries. Tu feras semblant d’être effrayée par mes gros mots des quatre saisons. Et tu te diras que ton papa est un obsédé, un dangereux pyromane qui n’en fait qu’à sa fête, un type qui préfère le string au voile de pudeur et qui chérit ta maman comme les poètes chérissent les héroïnes venues de l’Est.
Et tu te blottiras dans mes bras. Je te raconterai encore des histoires. Je te raconterai que la guerre est perdue, mais que la guerre continue. Encore des cartouches, toujours des collets posés pour arracher au réel ses copeaux de lune, pour t’offrir une poignée d’or du temps. Je te parlerai des moulins à vent, de la Pointe Saint-Mathieu, du phare qui, là-bas, aiguille les tempêtes. Et je te parlerai d’André Breton, c’est-à-dire des mots les plus somptueux lâchés, tels des ballons, sur la peau de la femme – demoiselle, Lolita, jeune fille, femme fatale toujours.
André Breton, L’union libre, cette incantation qui rallume tous les incendies, ce long poème que je lis à ta maman, parce qu’il me parle de son apparition comme il me parle de toi : « Ma femme aux doigts d’allumettes / Ma femme aux doigts de hasard et d’as de cœur / Aux doigts de foin coupé. »
J’embrasserai tes doigts Louise. Et je répondrai à la question des angoissés qui me demandent : « Mais dans quel pays va-t-elle vivre, tu te rends compte ? »
Mon trésor, tu vis dans le pays d’André Breton et de Marie-Claude Pietragalla, de Marie-José Pérec et de Bernard Hinault. Tu vis sur un nuage où trinquent Antoine Blondin et Arletty, la copine de Louis-Ferdinand. Le reste, nous le brûlerons et nous danserons sur ses cendres.
Tendre nuit, ma Louise.
Il est trois heures du matin. J’écoute la voix de loup blessé de Daniel Darc, la musique cruelle et enfantine de Frédéric Lo. Comme eux, « Je me souviens, je me rappelle ». L’aube, les apparitions, les frissons, les lieux, les nuits, les étoiles belles, et toi ma Louise, toi au souffle si tranquille, toi qui t’es pointée un soir de juin.
Tu dors et ta maman aussi, à côté de toi. Je t’ai laissé ma place pour mieux te regarder. Pour te dire « Je t’aime », comme un fou que je suis. A côté de moi, le chat Pablo et les feuillets de mes Braconnages d’été.
Dans quelques mois, dans quelques années, tu les liras. Ils sont pour toi. Un baiser, une caresse, un mot dit à ton oreille. Des bribes de toi, des lambeaux de moi sur le ring désincarné du siècle.
Tu rigoleras sûrement aux éclats à la lecture de mes moqueries. Tu feras semblant d’être effrayée par mes gros mots des quatre saisons. Et tu te diras que ton papa est un obsédé, un dangereux pyromane qui n’en fait qu’à sa fête, un type qui préfère le string au voile de pudeur et qui chérit ta maman comme les poètes chérissent les héroïnes venues de l’Est.
Et tu te blottiras dans mes bras. Je te raconterai encore des histoires. Je te raconterai que la guerre est perdue, mais que la guerre continue. Encore des cartouches, toujours des collets posés pour arracher au réel ses copeaux de lune, pour t’offrir une poignée d’or du temps. Je te parlerai des moulins à vent, de la Pointe Saint-Mathieu, du phare qui, là-bas, aiguille les tempêtes. Et je te parlerai d’André Breton, c’est-à-dire des mots les plus somptueux lâchés, tels des ballons, sur la peau de la femme – demoiselle, Lolita, jeune fille, femme fatale toujours.
André Breton, L’union libre, cette incantation qui rallume tous les incendies, ce long poème que je lis à ta maman, parce qu’il me parle de son apparition comme il me parle de toi : « Ma femme aux doigts d’allumettes / Ma femme aux doigts de hasard et d’as de cœur / Aux doigts de foin coupé. »
J’embrasserai tes doigts Louise. Et je répondrai à la question des angoissés qui me demandent : « Mais dans quel pays va-t-elle vivre, tu te rends compte ? »
Mon trésor, tu vis dans le pays d’André Breton et de Marie-Claude Pietragalla, de Marie-José Pérec et de Bernard Hinault. Tu vis sur un nuage où trinquent Antoine Blondin et Arletty, la copine de Louis-Ferdinand. Le reste, nous le brûlerons et nous danserons sur ses cendres.
Tendre nuit, ma Louise.
9 commentaires:
Bienvenue à votre "art de la fugue" !
Il est toujours stimulant de vous lire...
Bravo, mais n'hésitez pas à mettre des images.
Reprenez par exemple l'image des terres saintes de l'ami Mau (lette - mauvais jeux de mots touquettois, pardon, je sors).
Il était bien le jeu de mot, si si. Les images arrivent cher Présidente et SAS.
Le jeu de mots était marrant, je vous absous de vos péchés ma fille. Vous avez eu raison de mettre des images mon fils.
Le jeu de mots touquettois est un concept en soi.
C'est beaucoup mieux avec les images, camarade boucanier. Je vous signale au passage qu'Oum nous traite à nouveau de méchants.
Que voulez-vous SAS JSA JV, de nos jours les endives philosophent. Une lecture de Ouest Torchon, un petit tour des blogues des copains et Dieu apparaît pour son humeur du jour. Pour une endive, la parole se doit de marcher au pas : c'est ce qu'ils appellent le "dialogue".
Les horaires indiqués ai bas des commentaires sont complètement dickiens, par ici, c'est normal: me pirate est un contrebandier du temps.
Musette est adorable. Elle mérite qu'on gagne la guerre. On va la gagner.
Musette règnera sur le monde de la fin des temps par la grâce et le sourire, dans les bibliothèques en ruine.
Et l'abbé ? Y puduku ? (Ok je sors)
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