mardi 25 mars 2014

Koster se fâche ...



Alors que la mode est au clash et au bashing sur fesse bouc ou twitaire, le grammairien Serge Koster, qu’on devine peu à l’aise avec ces nouveaux mots de l’immonde, nous parle de ses fâcheries d'écrivain. Mes brouilles : le titre claque. Une promesse de mise au poing ? Pas uniquement. C'est surtout, pour Koster, une autre manière de se raconter, après un autoportrait sous le masque de Léautaud et une fugue dans l'ombre des blondes hitchcockiennes. A travers quelques querelles, minimes ou d’importance, il met sa peau sur la table : « Je me suis si souvent brouillé avec les autres qu’il faut que je le sois depuis toujours avec moi-même. » Les premières pages de Mes brouilles ressemblent à un pas de deux entre Léautaud et François Nourissier. Ce qui a son charme, acide et à vif. Puis l’auteur taille, dans ses souvenirs de trente ans, de savoureux morceaux de bravoure mélancolique. Ecrivain : une vie de chien, entre os à ronger et crocs plantés. Etablissant le tableau des mœurs littéraires, Koster est parfait. Certains s’en sortent mieux que d’autres. Roland Jaccard, à son habitude, est éblouissant. Philippe Tesson, également, porte beau. A l’inverse, Josyane Savigneau, ex starlette du Monde des livres, tombe de haut. Le passage où elle rugit, alors qu’elle lit une scène de sexe : « Oh, j’ai envie, j’ai envie ! » Pour l’achever, d’un éclat de rire, Koster cite Patrick Besson : « Mme Savigneau est l’exemple [...] de l’échotière douée devenue critique pataude pour finir en biographe conventionnelle. » Une sacrée chute.

Serge Koster, Mes brouilles, Léo Scheer, 2014
Papier paru dans Service littéraire, mars 2014

Aucun commentaire: