Les Simon, dans les lettres françaises, c'est comme les Besson, les Jardin ou les Leroy: le talent a choisi son camp. Si Yves S. incarne le vieux matuvu pour rombières en chaleur – variante du gai pinson Philippe B., de l'idiot de la famille Alexandre J. et du Goncourt falot Gilles L. -, François Simon est un flâneur mélancolique qui nous enchante à la manière d'un Patrick Besson, Pascal Jardin ou Jérôme Leroy. Le chroniqueur gastronomique masqué du Figaro et de Direct 8 ne connaît pas les genres. Qu'il signe un roman – Toscane –, qu'il nous fasse découvrir une petite table de haute tenue – « Le jeu de quille », rue Boulard, Paris XIVe – ou qu'il nous invite à dîner avec un exquise jeune femme à la grâce très française, il n'en fait qu'à sa fête, tantôt triste tantôt joyeuse, toujours stylée. Pars ! - sous-titré Voyager est un sentiment - est ainsi un petit précis de la douceur de vivre loin de la vulgarité des temps présents : « Rien n'est plus trompeur qu'une ville étouffée sous le tourisme. Elle couve. Elle cache des vipères et des frelons. » De Kyoto à Berlin, de Paris à Sao Paulo, de la route 66 à l'Afrique du sud en passant par New-York et la Sicile, sans oublier une Petite Reine qu'il suit dans le sillage du dandy des sprint Mario Cipollini, François Simon se souvient, écoute, aime, marche, sieste, mange, boit, prend des taxis et note ses émotions sur un carnet Moleskine ou sur du papier à en-tête d'hôtel. A Londres, il écrit : « J'aime bien cette ville lorsqu'elle est glaciale et les filles à moitié nues. » Ailleurs, le long du Rio Grande : « Une jeune fille, surgie de l'inattendu, court en tee-shirt bleu pétrole et pantalon mandarine. » Entre les pages, la jeune fille croisera les ombres de Paul Morand et John Lennon, Truman Capote et Elizabeth Craig, Louis-Ferdinand Céline et Marlene Dietrich. Une dernière phrase ? « Le bonheur est comme un train partant à des heures irrégulières. » On dirait du Blondin, du Larbaud ou le Frank de Géographie universelle. C'est du François Simon, voyageur vagabond à la langue qui incite à la fugue.
François Simon, Pars ! Voyager est un sentiment, Robert Laffont, 2011
Article paru dans Service littéraire, mai 2011
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2 commentaires:
Sur la photo, jeune fille presque nue à Londres : Carey Mulligan dans Une éducation. Il faut voir Une éducation, film scénarisé par Nick Hornby. Carey Mulligan y est belle chaque seconde. Carey Mulligan rappelle Audrey Hepburn, Breakfast at Tiffany's.
Titre du papier dans Service littéraire : "Les mémoires d'un Simon presque saint". Signé de la plume de l'ami Cérésa.
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