jeudi 13 octobre 2011

Quand Pascal Thomas parlait de Paul Gégauff



« Romancier de l'exaspération, esprit curieux, à la française, Gégauff possède ces estimables qualités de ne pas avoir de système de valeurs, de bafouer ce qu'il appelle les penseurs, de ne poursuivre aucun idéal, de ne pratiquer aucun culte, de ne faire partie d'aucun parti. Il est le dernier des anarchistes puisque les autres se sont tous mis en rang pour suivre des drapeaux noirs. Il met les pieds dans le plat de la respectabilité bourgeoise et on découvre avec joie que sa saine insolence ne dissimule aucune intention morale. Il n'a aucune envie de se faire trouer la paillasse dans la Cordillère des Andes ni de publier un appel à la sédition dans le Ici Paris de la gauche mondaine. En France, où cette gauche bien-pensante exerce sournoisement sa dictature intellectuelle et où il paraît suspect de ne pas vouloir remonter le Yang-Tsé-Kiang à la nage, ces manifestations d'irrespect sont trop rares pour ne pas être précieuses. Lorsqu'il entend le mot humanisme, il sort. Tout l'art du bien-aller est là. Il est comme le ver dans le fruit de cette société délicieusement pourrie : à l'aise mais pas dupe. »
Pascal Thomas, in VO, Revue du Ciné-club de Montargis, 1969

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