Nous republions ici un papier, paru en juin 2007 dans L'Opinion indépendante, à l'occasion de la sortie de son dernier roman Tu ressembles à ma mort (Editions des Equateurs) :
Depuis 1979 et Tueurs de flics, Frédéric H. Fajardie n’en fait qu’à sa tête. D’abord rattaché au néo-polar français, il adopte rapidement la position du franc-tireur. Publiant trois ou quatre livres par an, il alterne recueils de nouvelles, romans policiers ou historiques, mais aussi des pamphlets et ce qu’il nomme des «curiosités». Fajardie aime se jouer des genres pour mieux les faire exploser et imposer son style de dandy tendance «marxiste libertaire». Ainsi Tu ressembles à ma mort était initialement une commande du CE des cheminots du Nord-Pas-de-Calais et de l’association Colères du Présent pour fêter les 70 ans de la SNCF, «cette dame d’un âge respectable, qui a encore de beaux jours devant elle, à condition que nous soyons tous convaincu de la place qu’elle occupe».
Dès la première phrase - «L’homme, Robert Tinaire, ignorait qu’il allait être assassiné dans quelques dizaines de minutes» -, Fajardie donne le ton. Il transforme la commande de circonstance en polar historique et social qu’il va mener, avec sa maestria sèche et fulminante comme une colère, pied au plancher. Nous sommes en mars 1938, dans une France d’avant le grand bouleversement, bordée par l’Allemagne nazie revancharde, l’Italie de Mussolini et l’Espagne franquiste. Le second gouvernement Blum, tout juste nommé, croit encore aux lendemains enchanteurs. Des armes et des munitions doivent être acheminées, par «trains fantômes», de Paris à Dunkerque, pour être ensuite livrées aux Républicains espagnols. Mais l’opération prend une tournure catastrophique : plusieurs cheminots en charge de la cargaison sont retrouvés sauvagement poignardés. Alors que l’enquête officielle s’égare, Henri Perlbag, commissaire de la Sûreté nationale, est appelé à la rescousse. Ses états de service parlent pour lui : fils de cheminot, héros de 1914, policier d’exception et socialiste de conviction. Un homme libre qui porte ses blessures à fleur de peau et pour lequel l’honneur est le dernier refuge des amoureux de cette drôle de vie. Entre Paris et Arras, Perlbag traque ses ennemis : des fascistes, des gros bras cagoulards, des arrivistes corrompus. En chemin, il trouve l’amour, cette émotion oubliée qui lui rappelle que «dans un monde parfait, les baisers devraient avoir un goût d’orange.» Malgré les trahisons, il déjoue, entouré de quelques fidèles, le complot contre la France fomenté par un émissaire du Duce. La victoire est belle mais la mort n’est pas loin, à peine repoussée. Perlbag le sait, lui qui, en guise d’adieu, se souvient des mots de Miguel de Unamuno devant Franco : «Vous vaincrez parce que vous possédez la force brutale mais vous ne convaincrez pas car pour convaincre, il faut persuader. Or, pour persuader, il vous faudrait avoir tout ce qui vous manque : le droit et la raison.»
1 commentaire:
salut à toi, mon camarade. La saison est au chagrin. Il va falloir beaucoup boire pour oublier un peu/
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