Sur cette trame de polar, Patrick Besson a tissé un beau récit distancié et mélancolique où une sourde violence explose sous le soleil de la Côte d’Azur. L’affaire Agnès Le Roux ? L’histoire d’une mère et de sa fille. Une histoire de filles : «Toutes les histoires sont des histoires de filles […] Sans les filles le monde ne tournerait pas rond : il ne tournerait pas. Elles sont belles comme le jour de notre mort. S’il n’y avait pas de filles, aucun homme ne voudrait devenir riche, du coup il n’y aurait aucun criminel, car il n’y a aucun moyen de faire fortune sans tuer, d’où l’encouragement à la pauvreté qu’on trouve dans l’Evangile.»
Derrière les fulgurances désenchantées de Besson se cache un auteur dostoïevskien, celui du Journal d’un écrivain qui, décortiquant les faits-divers, fouillait l’âme et le corps des hommes. Au gré de ses déambulations dans Nice – «Ville du souvenir et du simulacre […] jaune comme le chien de Simenon» -, Besson restitue à la tragédie ses personnages. Entre les fantômes de Nietzsche et de Romain Gary, il esquisse rapidement la silhouette d’Agnès : «Elle a failli être une femme des années 80 mais a disparu avant. C’était une grande brune à poitrine volumineuse, qui portait une besace comme un soldat. Ou un chasseur. Elle a fini par acheter une Range Rover, jeep du civil. Envolée, elle aussi. Agnès fumait des Gauloises vertes. Bien oubliées. Il ne reste donc rien de Mlle Le Roux. Sauf sa mère et son appartement.»
Derrière les fulgurances désenchantées de Besson se cache un auteur dostoïevskien, celui du Journal d’un écrivain qui, décortiquant les faits-divers, fouillait l’âme et le corps des hommes. Au gré de ses déambulations dans Nice – «Ville du souvenir et du simulacre […] jaune comme le chien de Simenon» -, Besson restitue à la tragédie ses personnages. Entre les fantômes de Nietzsche et de Romain Gary, il esquisse rapidement la silhouette d’Agnès : «Elle a failli être une femme des années 80 mais a disparu avant. C’était une grande brune à poitrine volumineuse, qui portait une besace comme un soldat. Ou un chasseur. Elle a fini par acheter une Range Rover, jeep du civil. Envolée, elle aussi. Agnès fumait des Gauloises vertes. Bien oubliées. Il ne reste donc rien de Mlle Le Roux. Sauf sa mère et son appartement.»
Le portrait d’Agnès ainsi tiré - avec la précision du sniper qui, au passage, ne rate pas la mère -, Besson ne lâche plus l’ombre de la belle de Nice. Il la suit dans ses joies trop rares et dans son chagrin. Il la perd le temps de deux tentatives de suicide, la retrouve sur une plage grecque ou dans un vieux tube de Johnny Hallyday. La triste figure de l’amant manipulateur est évidemment omniprésente, les spectres du mafioso Fratoni et de Jacques Médecin, maire de la ville, également. Dans le noir et blanc des années 70, Agnès finit par s’éclipser brutalement. «Disparaître était le seul moyen de les mettre tous dans la merde où ils ont essayé de me mettre», aurait-elle pu écrire.
Ni juge ni partie, Besson consent pourtant, en éternel dandy marxiste, à désigner un coupable : l’argent, ultime corrupteur du corps des jeunes filles riches.
Patrick Besson, Le corps d'Agnès Le Roux, Fayard.
Article paru dans L'Opinion indépendante, le 18/04/2008
2 commentaires:
Ni juge ni partie ? l'homme se cache au-delà la fumée.
lettre à une amie perdue, non?
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