samedi 14 juillet 2012

Cecil Saint-Laurent et Roger Vadim, fin de la terre

Fin de la terre, sous la pluie ou sous une trouée de soleil du 14 juillet, on a plaisir à paresser en imaginant la peau, les mots, la voix de miss K. 
Le matin, on prend la voiture pour aller acheter la presse. Dans Le Figaro, Sébastien Lapaque parle du Flaubert, à Trouville, et Eric Neuhoff de Mauriac sous de Gaulle, le pamphlet de Jacques Laurent. On va y arriver, à remettre Laurent à sa place, la plus haute et la plus brillante des Hussards. Patrick Besson avait allumé la mèche (http://www.lepoint.fr/editos-du-point/patrick-besson/jacques-laurent-hussard-puni-12-01-2012-1418064_71.php) et notre ami Leroy, dans Causeur, s'est récemment souvenu de La Bourgeoise, un sacré millésime 1974 : http://www.causeur.fr/cecil-saint-laurent-et-la-revolution-sexuelle,18300. On espère rééditer très vite Caroline chérie, pour commencer. En attendant, on fume des cigarettes en relisant Le petit canard de Jacques Laurent et La mutante de Cecil Saint-Laurent. Plus tard, on sera en Algérie avec lui, découvrant ses Passagers et ses Agités d'Alger.
L'après-midi, on amène Louise à son cours de tennis puis on la récupère avec une de ses petites copines, qu'elles s'amusent ensemble. Pendant qu'elles jouent au monopoly ou à cache-cache, on écoute le vent et la mer, au loin, par la porte-fenêtre entrouverte de notre terrasse. Feuilletant les journaux et magazines du jour, on se dit que le gouvernement socialiste manque vraiment de style, qu'il est bizarre que le dopage n'existe que dans le cyclisme et que Stéphane Denis, alias Torquemada dans Le Point, est décidément très bon dans les feuilletons de politique-fiction.
Le soir, la voix et les mots de miss K, doux et érotiques comme sa peau. Des cigarettes encore, alors que la nuit tombe lentement. Le chat Pablo revient d'une virée dans le jardin. Dans le lecteur dévédé du pécé, on hésite à glisser Les Cousins, Les galettes de Pont-Aven ou La Curée. On choisit La Curée, un Vadim de 1966 très librement adapté, par Jean Cau, du roman de Zola. Vadim était très fort pour transposer dans le bel aujourd'hui des classiques de la littérature. Les écrivains faisaient le travail - Cau ici et Roger Vailland pour Les liaisons dangereuses - et il filmait, gourmand au regard froid, les corps sensuels des femmes de sa vie. Dans La Curée, Jane Fonda est mariée à Michel Piccoli, riche homme d'affaires. Elle tombe amoureuse du fils qu'il a eu d'une première noce. Elle en devient folle, prête à tout lâcher. Elle joue bien de ses regards et de sa silhouette. Piccoli prend la situation avec détachement, manipule. Le film, tout en légèreté, a des faiblesses, qui passent bien pourtant. Un certain psychédélisme a vieilli. Les scènes de night-club sont réussies. Une virée à la campagne, au soleil, esquisse une jolie love story. Les dialogues de Cau, paresseux comme il faut, font mouche. Il y a Tina Aumont aussi, très belle. Comme Jane Fonda, nudité offerte et exquise, également, en robe jaune ou tirant à la carabine, pour chahuter, sur son futur amant. On se dit, avant de s'endormir, qu'on aimerait qu'un film soit, aujourd'hui, réjouissant comme les films moyens de Vadim.

1 commentaire:

Solenn a dit…

..., et puis à un moment on pourrait bouger son cul contemplatif et venir taper la bise à une vieille blonde de sa connaissance qui peuple fort à propos cette fin de terre qu'on squatte si régulièrement, pour paresser et fumer de concert.