Thomas
Morales,
une
des
plus
belles
plumes
de
Causeur,
est
un
obsédé
amoureux :
des
sixties
et
seventies,
de
la
longue
silhouette
des
actrices,
des
stylistes
buissonniers
et
des
voitures.
De
ses
passions,
il
a
fait
une
géographie
intime
au
cœur
de
laquelle
il
se
balade,
tantôt
pied
au
plancher
tantôt
en
dilettante.
On
n’a
pas
oublié,
en
2011,
ses
Mythologies
automobiles.
On
avait
alors
compris
que
la
voiture
était
la
madeleine,
de
chromes
et
de
vieux
cuir,
de
Morales.
Esquissant
la
carosserie
d’une
Facel
Vega
ou
d’une
DS
designée
par
Henri
Chapron,
il
installait
les
Trente
glorieuses
sous
les
sunlights
de
notre
scène
intime.
On
en
redemandait.
Avec
le
Dictionnaire
élégant
de
l’automobile,
Morales
prolonge
le
plaisir.
De
A
– comme
Alfa
Romeo
Giulia
ou
Aston
Martin
DBS
– à
W
– Charlie
Watts
et
Woody
Allen-,
il
orchestre
sa
fête
mélancolique :
"Comment
leur
expliquer
aux
autres,
aux
donneur
de
leçon,
aux
sauveurs
de
la
planète,
que
le
sourire
d’une
pimpante
Dauphine
me
réjouit,
que
la
vue
d’un
Type
H
fripé
me
remplit
de
bonheur,
qu’une
indomptable
911
me
rappelle
un
été
à
Biarritz,
un
hiver
au
Turini,
un
automne
place
de
la
Madeleine
et
ce
printemps
sur
une
route
de
Berry."
Comment
leur
expliquer ?
En
rappelant
qu’écrire
sur
l’automobile,
c’est
écrire
sur
la
vie.
Entre
les
lignes
du
dictionnaire
de
Morales
– qui
entrelace
figures
imposées,
photos
à
la
patine
oldscoule
et
échappées
belles
-,
les
années
défilent.
Pompidou
a
son
entrée.
Christophe,
Johnny
Hallyday
et
Lilicub
se
chargent
de
la
BO.
On
voyage
en
Italie.
James
Bond,
en
charmante
compagnie,
disserte
des
mérites
comparées
de
l’Alpine
et
de
la
Tiger.
Le
26
juin
1967,
Françoise
Dorléac
meurt,
au
volant
d’une
Renault
A10,
sous
la
pluie
et
sur
l’autoroute
A8.
La
qualité
française
ne
s’en
est
jamais
relevée.
Dans
La
Chamade,
les
mots
de
Catherine
Deneuve
cachent
une
certaine
tristesse :
« Ne
roulez
pas
trop
vite,
Antoine. »
En
écho,
Delon
s’adresse
à
Maurice
Ronet :
« Oh,
dis
donc,
tu
ne
veux
pas
me
faire
essayer
ton
bolide ? »
Il
s’agissait
d’une
Maserati
Ghibli
(immatriculée
15
TY
75).
Danny
Wilde,
lui,
roule
en
Ferrari
Dino.
A
la
fin
de
l’envoi,
Morales
nous
rappelle
les
mises
en
bouche
et
les
pages
de
romans
célébrant
l’automobile.
ADG,
Manchette
et
Fajardie
trinquent ;
Déon
et
Blondin
remettent
une
tournée ;
Romain
Gary
et
Pascal
Jardin
se
chauffent
sur
la
beauté
d’une
Cadillac.
La
lecture
du
Dictionnaire
élégant
de
Morales
achevée,
une
certitude :
il
n’est
pas
loin
d’appartenir
à
cette
haute
lignée
d’écrivains.
Thomas Morales, Dictionnaire élégant de l’automobile, Rue Fromantin
Texte paru dans Causeur, décembre 2013
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