mercredi 18 mai 2011

L'éducation sentimentale de DSK



Comme Karl Kraus sur Hitler : rien à dire, ou presque, sur DSK jouant dans un épisode inédit de NY Unité Spéciale.
Je n'aime guère "l'affameur des peuples européens" dont parle Mélenchon. Dans le genre amateur de voiture de luxe - une Jaguar et pas une Porsche familiale -, libertin posant sur les femmes "un regard froid" et non des pattes de "chimpanzé en rut" et, pour le coup, homme de gauche, je préfère Roger Vailland.
A l'ombre de sa cellule de Rikers Island, DSK devrait demander un exemplaire des Ecrits intimes de Vailland. Lire aussi son Esquisse pour un portrait du vrai libertin, ses textes sur Laclos et le Cardinal de Bernis. Un autre style, une autre classe que les mots et les mystères grossiers de messieurs Fouks, Khiroun et Finchelstein, ramassis de "communicants" qui font passer Séguéla pour un génie.
Peu importe, d'ailleurs, les clichés, les menottes, les commentaires creux des amis, des ennemis. C'est maintenant que tout commence pour DSK : il devient une belle cause perdue, zombie pas rasé et fripé comme son pardessus. Se prenant le réel tel un mur, plein gueule, il  va enfin pouvoir s'intéresser aux "choses de la vie". Loin des socialos, des élections gagnées d'avance, du FMI, du pouvoir à tout prix, des sondages, d'Euro RSCG, de l'encombrante Anne Sinclair. Quand on lit, quand on entend, quand on voit Anne Sinclair, dont l'amour surjoué a la triste mine de l'ambition, les hôtesses de l'air, les femmes de chambre et autres jeunes filles blondes sont une incitation à la légèreté. C'est cette légèreté que DSK doit apprendre.  Un conseil à ses avocats : oublier la relation "consentie", le tombereau de merdes déversées sur Nafissatou Diallo, négocier un exil solitaire en Grèce, dans une bicoque en bord de mer. Pour expier la lourdeur des sens et les pulsions à vif, c'est mieux que 74 ans de cabane aux States. 74 ans, pour quelqu'un qui n'a tué que ses illusions de gloriole politique, ça fait beaucoup. Même Nafissatou, je crois, ne dira pas le contraire depuis la chambre où la police la planque. En Grèce, DSK pourra passer ses journées à découvrir le pays après le matraquage de Moodys et FMI associés ; tourner les pages de Tout l'amour du monde de Michel Déon  ; visionner sur un vieux lecteur dévédé L'Amour l'après-midi de Rohmer, Le chaud lapin de Pascal Thomas, Les liaisons dangereuses de Vadim et Une partie de plaisir de Chabrol.
French touch et art de la séduction : la rééducation sentimentale d'un "vieux dégueulasse" qui n'est pas Bukowski et qui, dans quelques années, pourra tchiner, séducteur exquis, avec quelques-unes de ces accusatrices du jour.

4 commentaires:

Frédéric Schiffter a dit…

"Rééducation sentimentale". Bonne formule. Très belle page, cher ALG. Les Ecrits intimes, de R.V., où les trouve-t-on ?

Arnaud Le Guern a dit…

Cher Frédéric, les Ecrits intimes de R.V. sont édités, dans un gros volume passionnant, sexy, ensoleillé et balnéaire, chez Gallimard.

Zoe de gaia a dit…

Je reste toute admirative devant tes photos!!
Elles sont magnifiques!Bisous
J'accompagne toujours votre blog et j'aime beaucoup votre travail. Moi aussi, j'ai un blog où je montre mes créations de mode. je voudrais vous préseter mon blog www.zoedegaia.blogspot.com
Je vous remercie de votre attention.
Robson Rocha.

Arnaud Le Guern a dit…

merci cher Robson de vos passages du côté de ces braconnages. J'irai flâner très vite sur votre blogue. Bien à vous. ALG