Une peau de vingt et quelques printemps, légère comme de la chantilly sur la langue.
Une peau qui happa Théo Vailland, une fin d'après-midi de janvier, alors qu’il revenait de la faculté de droit et de sciences politiques. Il avait donné ses cours d’ « Histoire politique » avant de boire des demis avec Frédéric, son meilleur ami.
C’était à Rennes au début du siècle, une drôle d'époque où la fumée offrait encore ses reflets bleutés aux bistrots de France.
Dans les rues de la ville, l’hiver crachait son haleine givrée sur des corps toujours trop pressés. Place Hoche, des SDF avaient plantés des tentes surmontées d’écriteaux « Le froid, ça tue », « Le froid au goulag », « le froid, persona non grata ». Des inscriptions qui voisinaient avec une poignée d’ados en T-Shirts fluos se déhanchant sur une rythmique techno et des filles de l’Est en noir et blanc vêtues d’incandescents tangas, héroïnes glacées d’immenses panneaux publicitaires.
Sur l'esplanade du Parlement de Bretagne, Elsa apparut. Elle passait comme passent les héroïnes dans les films, dans les romans qu'on n’oublie pas : une fugitive silhouette découpant la nuit tombante. Elle ressemblait à beaucoup de filles, classiques beautés blanche et brune aimées rapidement, mais elle était de celles dont Théo tombe amoureux.
Il le sut tout de suite, dès qu’elle le frôla dans un trench rouge à la coupe serrée, bottée de cuir, un béret kaki recouvrant de lourdes boucles noires caressant les épaules. Son pas sur l’asphalte possédait l’éclat des banderilles. Elle avait aussi, à la lueur des réverbères, un joli regard de myope. Des yeux vert et noisette, avec un soupçon de gris, où la lune accrochait des secrets. Des yeux de prise d’otage, soudain braqués sur Théo qui, instinctivement, la suivit.
Elsa se livrait sans attention aux voitures plein phares. Elle se retournait parfois, ne le voyait pas.
Tous les projos étaient braqués sur elle.
Des projos pour son maquillage délicat, un peu de mascara sur la neige et un peu de rose qui souligne les lèvres. Des projos pour la courbe de sa nuque, la pointe de ses seins sous l’étoffe, ses cuisses esquissées.
Elsa était une piétonne exquise.
Sur l'esplanade du Parlement de Bretagne, Elsa apparut. Elle passait comme passent les héroïnes dans les films, dans les romans qu'on n’oublie pas : une fugitive silhouette découpant la nuit tombante. Elle ressemblait à beaucoup de filles, classiques beautés blanche et brune aimées rapidement, mais elle était de celles dont Théo tombe amoureux.
Il le sut tout de suite, dès qu’elle le frôla dans un trench rouge à la coupe serrée, bottée de cuir, un béret kaki recouvrant de lourdes boucles noires caressant les épaules. Son pas sur l’asphalte possédait l’éclat des banderilles. Elle avait aussi, à la lueur des réverbères, un joli regard de myope. Des yeux vert et noisette, avec un soupçon de gris, où la lune accrochait des secrets. Des yeux de prise d’otage, soudain braqués sur Théo qui, instinctivement, la suivit.
Elsa se livrait sans attention aux voitures plein phares. Elle se retournait parfois, ne le voyait pas.
Tous les projos étaient braqués sur elle.
Des projos pour son maquillage délicat, un peu de mascara sur la neige et un peu de rose qui souligne les lèvres. Des projos pour la courbe de sa nuque, la pointe de ses seins sous l’étoffe, ses cuisses esquissées.
Elsa était une piétonne exquise.
Rue Gambetta, Théo gagna du terrain tandis qu’une pluie glaciale pointait ses premières gouttes. Il allait s’approcher quand elle rajusta son béret et pénétra, place Saint-Germain, dans un café où il avait ses habitudes : le Bonnie and Clyde.
1 commentaire:
C'est très beau Le Guern!
Il faut que tu le continues!
Et oui écoute personne que toi même!
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