Qu’il
se
souvienne
de
Cioran
ou
qu’il
suive,
par
delà
le
temps,
Louise
Brooks,
qu’il
se
balade
à
Vienne
ou
qu’il
offre
des
bribes
de
sa
« vie
et
autres
trahisons »,
Roland
Jaccard
nous
enchante.
Ses
livres
sont
autant
de
mots
de
passe
vers
un
monde
de
petits
luxes,
de
nihilisme
et
de
volupté.
On
a
plaisir,
au
hasard
des
jours,
à
les
relire.
Notamment
Une
fille
pour
l’été,
récit
d’amour
triste
où
Jaccard
esquissait,
très
dandy,
la
ligne
brisée
des
destinées
sentimentales.
Un
texte
qui,
en
écho,
nous
rappelait
une
fusée
gainsbourgeoise :
« L’amour
physique
est
sans
issue ».
On
retrouve
Gainsbourg,
accompagnée
de
Jane
Birkin,
dans
Une
Japonaise
à
Paris,
le
dernier
texte
de
Jaccard.
La
mélodie
de
Je
t’aime,
moi
non
plus
résonne
entre
les
lignes
de
ce
court
roman
qu’illustre,
avec
grâce,
Masako
Bando.
En
une
cinquantaine
de
pages,
Jaccard
nous
conte
la
plus
touchante
des
histoires,
de
passion
et
de
mélancolie.
Chez
Sip,
café
parisien
sis
boulevard
Raspail,
George
tombe
sous
les
charme
de
Keiko,
une
jeune
japonaise.
Il
ne
croyait
plus
en
rien ;
elle
voulait
tout
apprendre.
Ils
se
frôlent,
s’éloignent,
se
retrouvent.
Dans
une
chambre
mansardée,
le
long
des
avenues
de
la
capitale
ou
au
premier
étage
du
Flore,
les
amoureux
suspendent
le
temps.
Il
s’agit
d’oublier
que
Paris
n’est
plus
la
ville
filmée
par
Godard
ou
Rohmer ;
de
prendre
garde,
également,
à
la
douceur
des
choses.
Le
fantôme
de
Richard
Brautigan,
d’un
poème,
s’invite :
« L’amour
est
plus
cruel/
Que
le
couteau/
D’un
homme/
Qui
tranche/
La
gorge/
De
quatre
enfants. »
Il
faut
toujours
croire
Brautigan
sur
parole.
L’auteur
de
Tokyo-Montana
express
a
aimé
Akiko,
comme
George
aime
Keiko.
Il
savait
qu’on
offre
pas
son
cœur
impunément.
Dans
Une
Japonaise
à
Paris,
les
drames
et
les
peurs
rôdent.
Un
serveur
est
surnommé
Dexter.
Une
maladie
orpheline
se
réveille.
Un
Smith&Wesson
devient
le
meilleur
ami
de
George.
L’épilogue,
on
le
devine,
ne
sera
pas
joyeux,
malgré
une
Suite
au
Danieli,
à
Venise : « Quand
une
Japonaise
vous
quitte,
c’est
la
vie
qui
s’en
va. »
Pas
de
Happy
end,
chez
Jaccard.
Dans
ses
mots,
la
beauté
se
moque
du
bonheur.
Roland
Jaccard,
Une
Japonaise
à
Paris,
L’Editeur,
2014
Papier paru dans Causeur, mars 2014
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