On avait aimé, il y a quelques mois, le premier numéro de Schnock, “la revue des vieux de 27 à 87 ans.” Jean-Pierre Marielle s'affichait en couverture, la bande-son était signée Eddy Mitchell et Joël Séria, l'auteur des Galettes de Pont-Aven, de Comme la lune et de Marie poupée, se livrait dans les pages intérieures. Entre extraits de dialogues de films cultes, évocation du Bébête-show, Top 15 des biscuits de notre enfance et liste des meilleurs cadeaux bonus de Pif-gadget, le ton était donné : flânerie dans les seventies, pop art et french touch qui disperse, façon puzzle.
Le numéro 2 joue des mêmes plaisirs. Icône de ces pages, Amanda Lear annonce : “On va tous devenir Chinois, c'est inéluctable.” Sur des photos, on la voit avec Dali, avec les Beatles ou dans l'émission Dim dam dom. En colère, Bertrand Tavernier écrit des lettres à la direction de La Poste, qui tarde à lui répondre. Alain de Greef, longtemps âme damnée de Canal Plus, balance en douce sur l'usage de la blanche aux grandes heures de la chaîne cryptée. Pour l'apéro, la Suze est conseillée. Un dossier - “Y a-t-il un schnock pour sauver la France ?” - nous parle de Pierre Dac, de candidats improbables à l'élection présidentielle et des affiches de campagne. Qui se souvient de Jean Lecanuet, “le JFK de Seine-Inférieure” ?
Une revue stylée
Schnock est, on le voit, une auberge espagnole. C'est ce qui enchante. Bernard Tapie voisine avec Jacques Rigaut, poète et feu follet ; Georges Lautner avec les Black Panthers. Il est question, aussi, d'un Chatilliez, qui n'a pas réalisé La vie est un long fleuve tranquille et Tatie Danièle. C'est donc son frère Philippe, qui se débat dans “un Vietnam personnel”. Les fêlés de la vie sont à l'honneur de la revue. Laurence Remila nous entraîne sur les traces de Dorothy Parker. On la suit dans les bureaux de Vanity fair et du New-Yorker. On boit avec elle des Dry Martini au bar de l'Algonquin. On voyage en Europe en compagie d'Hemingway et Robert Benchley. On la lit : “ Les rasoirs font mal, Les rivières sont humides, Les drogues sont brutales, Les pilules sont perfides. Les noeuds se défont, Les flingues sont interdits, Le gaz ne sent pas bon, Autant rester en vie.”
Dans la lignée de Parker, Schnock fait la part belle au style. Qu'il s'agisse d'évoquer les jeux de société, les seconds rôles au cinéma ou Roald Dahl, aventurier et chic type auquel Louis-Henri de la Rochefoucauld consacre un portrait parfait. Qu'il s'agisse, enfin, d'évoquer Sir Winston Churchill. Matthias Debureaux, écrivain à qui l'on doit deux livres précis et hilarants – De l'art d'ennuyer en racontant ses voyages et Les dictateurs font très bien l'amour -, nous fait visiter Chartwell, manoir du premier Ministre anglais qui disait : “J'essaie d'arrêter définitivement l'alcool : j'ai mis fin au Brandy pour le remplacer par le Cointreau.” Avec Debureaux et Winston, prenons un dernier verre pour la route :
- Sir, vous êtes ivre !
- Et vous, madame, vous êtes moche. Mais au matin, je serai clair …
Tchin !
Schnock, numéro 2, 2012
Version intégrale et précise du papier paru le 12/02/2012 sur Causeur.fr ...
dimanche 12 février 2012
Avec Schnock, les seventies ne meurent jamais
Libellés :
amanda lear,
causeur,
chabrol,
churchill,
dater notre mélancolie,
dorothy parker,
joel seria,
marielle,
revue,
schnock,
seventies ne meurent jamais,
style
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire