C'était un jour de grève. Il y avait eu une nuit d'avant presque blanche, le dévédé d'un film naïf et grave de Pascal Thomas, du bruit et des larmes aussi, toujours trop. Au petit matin, un aller-retour dans une clinique, Paris 16e. Puis le sourire fatigué et apaisé de ta silhouette si belle. En terrasse, autour de midi, le calme et la tranquilité de la langue. Carrefour d'Alesia, les flics enfilent leur costume de kevlar et le rouge des drapeaux de la CGT colorent les cars. Ce rouge-là, c'est la couleur d'un monde qui ne veut juste pas qu'on l'achève d'une balle dans la tête. Ce rouge-là et ce monde, dans le froid d'un automne où les lunettes noires ont encore leur place, me font penser, allez savoir pourquoi, à Plein Soleil. Peut-être parce que les notes de Nino Rota ; la courte apparition de Romy Schneider ; les dialogues au couteau et à la caresse de Paul Gégauff ; Alain Delon et Maurice Ronet, c'est-à-dire les deux plus grands acteurs qu'a connu le cinéma français - et tant pis pour les autres ; Marie Laforêt s'offrant sur le pont du Marge ; le port de Mongibello ; les ivresses de nuit qui font se moquer des "bonnes femmes" et piquer des cannes blanches ; j'en oublie. Revoir Plein soleil, finalement, c'est sans doute se souvenir que ce monde, et le peu de beauté qui s'y planque, ne doit pas crever.
mardi 12 octobre 2010
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