Je suis sevré, en pleine forme, grandiose, beau comme un dieu passé entre les mains d’une masseuse thaïlandaise.
Je suis sevré, bombance, alcools forts, je sors.
Je tire ma révérence. Je me fais la malle. Je m’évade là où mes songes me portent.
Direction l’île de Beauté, l’île bleue comme la nuit qui s’invitait, à Pinarellu, sur les paupières des danseuses. Bleu comme son reflet sur le paréo de la lune.
Elles étaient belles les danseuses, à Pinarellu. Belles comme des actrices de films italiens. Belles comme le sourire d’un couteau entre leurs lèvres. Comme le frôlement d’un pouce sur l’arquebuse des lèvres.
Bronzées, cheveux en liberté ou relevés en chignon, elles déambulaient, pieds nus sur les sentiers. Elles portaient des robes courtes, blanches à fleurs rouges, que je faisais glisser d’un claquement de doigts. Elles atteignaient les criques interdites, les plages inaccessibles. Elles s’offraient au baldaquin des dunes, à mon oeil détraqué, à mes extravagances d’obsédé.
Assises aux terrasses, sous les tilleuls d’une place de bistrot, elles sirotaient des menthes à l’eau, relevaient leurs lunettes de soleil sur le haut de leur front, m’interrogeaient :
_ Si on restait là, si on s’installait ?
_ Restons…
_ Mais c’est pas possible…
_ Pourquoi ?
_ Je ne sais pas…
A Pinarellu, mon évasion réussie, je rejouerai le film. J’oublierai le Gin, le martini, le ouisquie, les coquetèles et les mortes années. Je garderai le simple plaisir d’un rosé de Patrimonio ou de Fiumicicoli en apéro. J’écouterai encore une fois une chanson que je passais en boucle, à fond la caisse, sur les routes de la fin de la terre et d’ailleurs : « Pendant que la marée monte / Et que chacun refait ses comptes / J'emmène au creux de mon ombre / Des poussières de toi / Le vent les portera / Tout disparaîtra »
A Pinarellu, mon évasion réussie, j’arrêterai le temps. Je le mettrai en déroute le temps d’un crépuscule, d’une caniculaire prière d’achever, puis j’appellerai la jeune femme brune :
_ Elle est retrouvée !
_ Quoi ?
_ L’éternité ! Elle a une peau à faire se damner le soleil et la mer. Des épaules à fendre les nuages. Des seins lourds comme des gouttes de lait sculptées par des lèvres assoiffées. Un ventre où se repose les trop vieux guerriers fatigués. Et des jambes dont la finesse de lianes nouées me rappelle les tiennes. Elle s’appelle Djamila.
5 commentaires:
Très jolis vos mots taquinant la mélancolie. Touchants et tendres. Les souvenirs sont le seul bien qu'il nous reste les soirs de nostalge...
Vous écrivez aussi bien qu'Anna Gavalda.
Salut ! Bien qu'un peu saoul je me décide à "t"'écrire (j'aimerais tant vous tutoyer.. (snif)) et vous donner mon mail : quentin_23@hotmail.fr Pourquoi? Parceque j'ai aussi un blog (avec un mot de passe c'est pour cela que je ne veux le mettre comme cela sur le site) et je voudrais vous avoir comme visiteur-ami mon ami arnaud. Le ridicule ne tuant pas (parait-il) je valide et vous envoie avec toute ma sympathie ce message un peu concon. Alain nom de Dieu !
Cher Winston,
Il ne faut pas lire madame Gavalda.
Ca vous évitera les mauvaises comparaisons.
Essayez Toulet, Larbaud ou Gégauff...
Lire aussi Bukowski.
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