Depuis
1994,
c’est
le
plus
snob
des
prix
littéraires.
A
l’entrée
du
Flore,
prière
de
montrer
patte
blanche.
Sur
le
bristol
d’invitation,
on
peut
lire :
« Tenue
très
tenue
exigée ».
Une
certaine
élégance
est
de
mise :
longues
jambes
sur
stilettos
pour
les
filles ;
vestes
ajustées
pour
les
messieurs.
La
pluie
ajoute
une
touche
canaille
aux
« élus »
qui
patiente
et
bloque
la
rue
Saint-Benoît.
Un
automobiliste
énervé
manque
de
renverser
une
demoiselle
parée
de
noir.
Il
a
dû
la
confondre
avec
la
nuit,
qui
s’étire
en
tenue
étoilée.
A
l’intérieur,
la
foule
s’amasse.
Les
coupes
de
champagne,
de
la
maison
Roederer,
sont
sifflées
à
la
vitesse
grand
V.
De
charmantes
hotesses
offrent
un
mystérieux
breuvage,
du
même
rouge
que
leur
robe.
Sur
le
palais :
un
grisant parfum
de
crèpe
suzette.
Côté
buffet,
il
y
en
a
pour
tous
les
goûts :
huîtres,
pata
negra
découpé
à
la
demande,
foie
gras,
fromages.
Yann
Moix
préfère
picorer
des
fraises
tagada.
Il
digère
les
1143
pages
de
Naissance,
prix
Renaudot
poids
lourd.
A
22
heures,
une
jeune
femme
allume
une
Vogue,
gracile
comme
sa
silhouette.
Elle
a
un
air
de
Françoise
Sagan,
millésime
Bonjour
tristesse.
Sa
blondeur
et
son
sourire
illuminent
les
volutes.
Elle
est la
lauréate
2013
du
prix
de
Flore,
avec
son
roman
Tout
cela
n’a
rien
à
voir
avec
moi.
Au
micro,
Frédéric
Beigbeder,
président
du
jury,
l’appelle.
Monica
Sabolo
fend
les
corps
agglutinés
qui,
à
son
passage,
la
félicitent.
Un
zeste
taquin,
Beigbeder
précise
que
toutes
les
personnes
présentes
verront,
d’office,
leur
signature
parapher
le
« Manifeste
des
343
salauds ».
Nicolas
Bedos,
la tête ailleurs et migraineuse,
n’est
pas
venu.
Au
chant
du
coq,
il
n’aura
pas
à
se
renier
une
seconde
fois.
Les
remerciements
de
Monica
se
perdent
dans
le
brouhaha.
Une
femme,
plus
éprise
de
son
chirurgien
esthétique
que
de
littérature,
demande :
« Qui
a
eu
le
prix ? »
Son
clone
lui
répond :
« Monique
quelque
chose
... »
La
fête
peut
vraiment
commencer.
Aux
platines,
en
attendant
DJ
Cut
Killer,
Lou
et
Marine
font
grimper
la
température.
Leur
nom
de
scène,
inscrit
sur
leurs
T-Shirts
blancs :
La
chatte
de
Françoise.
Au
son
des
Stooges,
Gonzague
Saint-Bris
met
le
feu
à
la
piste
de
danse.
Jérôme
Kerviel
semble se
demander
ce
qu’il
fait
là.
Il aurait pu s’exiler au premier étage, où Laurence Remila, de la
revue Schnock, parlait de Paul Gégauff. A
deux
heures
du
matin,
les
lumières
se
rallument.
« Tous
au
Montana ! »,
crie
Beigbeder.
Une
artiste
italienne,
mutine,
préférerait
se
replier
chez
Lipp ;
d’autres
se
verraient
plutôt
chez
Moose,
rue
des
Quatre-vents,
à
déguster
une
bouteille
de
Dilettante
de
Catherine
et
Pierre
Breton.
On
les
comprend :
rentrer
au
Montana
s’avère
un
combat
autrement
plus
féroce
qu’obtenir
le
prix
de
Flore.
Texte paru dans Le Figaro, le 12/11/2013
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