dimanche 9 janvier 2011

Maison de famille


Pour laisser infuser le temps et goûter le plaisir des coeurs qui repartent, dans un début d'année sponsorisé par cette salope criminelle de Moody's, rien de tel que regarder tomber la pluie, passé minuit, en fumant des cigarettes, en buvant un alcool fort savoyard du nom si beau d'Arquebuse, à l'abri de la véranda d'une maison de famille, Rillieux La Pape, périphérie de Lyon. Les maisons de famille, passé minuit, en abritent de belles. Des silhouettes nues, parées de frissons et d'un manteau d'hiver. Des secrets d'ici et d'ailleurs, qui parlent du maquis, des déclassement d'après-guerre, de fuites à l'intérieur du silence et de la mémoire en caraffe. Des désirs qui, par delà les nuages de toujours, mêlent les corps. Des cartes postales du pays de Silvana Ocampo qui disent la tendresse froide de grands-parents. Des larmes qui, sur le bord des lèvres, se dégustent comme la plus belle des déclarations d'amour. Des photos, encore des photos, où une petite fille rit, pleure avant, plus tard, de se souvenir. Des livres enfin, plein de poussière, des livres des années 80, des SAS - La filière bulgare (1983), Danse macabre à Belgrade (1986) -, un San Antonio - Après vous s'il en reste, monsieur le Président (1986).
Les maisons de famille, passé minuit, portent en elles le parfum du temps retrouvé.