jeudi 30 décembre 2010
Fugue en motocyclette
Là-bas, la pluie, des roses pas encore mortes et ce gris du ciel, teinté du bleu des tempêtes, qui n'appartient qu'à la fin de la terre.
Ma fille, dans sa chambre, lit des contes illustrés de Pierre Gripari.
Là-bas, sur l'écran fatigué, le monde d'avant a les lignes sensuelles de la silhouette de Stéphane Audran dans Les biches et La femme infidèle, des jambes de Claude Jade dans Domicile conjugal.
Au loin, un homme que j'aime beaucoup écoute son coeur se réveiller lentement.
Là-bas, les mots d'André Pieyre de Mandiargues - Le lis de mer, La motocyclette.
Au téléphone, ta voix est noyée dans les sanglots de l'épuisement, de la mémoire en fuite et du temps des douleurs imposées.
Là-bas, la fumée des cigarettes efface d'un souffle la tristesse crevée de violences.
Sous l'oeil d'une dormeuse de Lempicka, rue du Douanier Rousseau, tes lèvres embrasent les baisers de l'aube.
Là-bas, les corps mêlés d'Alain Delon et Marianne Faithfull sont une fugue à la pointe de ta langue, de tes seins, dans le palace de ton cul.
Sous les caresses retrouvées, la petite musique du plaisir te dit
que le père Noël - qui n'existe pas dixit Les Chanteuses et Frédéric Beigbeder - s'est pris une balle pleine nuque
que l'homme que j'aime beaucoup - ton papa - nous attend
que j'ai très envie de boire, chaque petit matin d'hiver, là-bas et rue du Douanier Rousseau, l'amour fou à la source de tes cuisses.
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