lundi 6 juillet 2009

Remember Corsica


Je suis sevré, en pleine forme, grandiose, beau comme un dieu passé entre les mains d’une masseuse thaïlandaise.
Je suis sevré, bombance, alcools forts, je sors.
Je tire ma révérence. Je me fais la malle. Je m’évade là où mes songes me portent.
Direction l’île de Beauté, l’île bleue comme la nuit qui s’invitait, à Pinarellu, sur les paupières des danseuses. Bleu comme son reflet sur le paréo de la lune.
Elles étaient belles les danseuses, à Pinarellu. Belles comme des actrices de films italiens. Belles comme le sourire d’un couteau entre leurs lèvres. Comme le frôlement d’un pouce sur l’arquebuse des lèvres.
Bronzées, cheveux en liberté ou relevés en chignon, elles déambulaient, pieds nus sur les sentiers. Elles portaient des robes courtes, blanches à fleurs rouges, que je faisais glisser d’un claquement de doigts. Elles atteignaient les criques interdites, les plages inaccessibles. Elles s’offraient au baldaquin des dunes, à mon oeil détraqué, à mes extravagances d’obsédé.
Assises aux terrasses, sous les tilleuls d’une place de bistrot, elles sirotaient des menthes à l’eau, relevaient leurs lunettes de soleil sur le haut de leur front, m’interrogeaient :

_ Si on restait là, si on s’installait ?
_ Restons…
_ Mais c’est pas possible…
_ Pourquoi ?
_ Je ne sais pas…

A Pinarellu, mon évasion réussie, je rejouerai le film. J’oublierai le Gin, le martini, le ouisquie, les coquetèles et les mortes années. Je garderai le simple plaisir d’un rosé de Patrimonio ou de Fiumicicoli en apéro. J’écouterai encore une fois une chanson que je passais en boucle, à fond la caisse, sur les routes de la fin de la terre et d’ailleurs : « Pendant que la marée monte / Et que chacun refait ses comptes / J'emmène au creux de mon ombre / Des poussières de toi / Le vent les portera / Tout disparaîtra »
A Pinarellu, mon évasion réussie, j’arrêterai le temps. Je le mettrai en déroute le temps d’un crépuscule, d’une caniculaire prière d’achever, puis j’appellerai la jeune femme brune :

_ Elle est retrouvée !
_ Quoi ?
_ L’éternité ! Elle a une peau à faire se damner le soleil et la mer. Des épaules à fendre les nuages. Des seins lourds comme des gouttes de lait sculptées par des lèvres assoiffées. Un ventre où se repose les trop vieux guerriers fatigués. Et des jambes dont la finesse de lianes nouées me rappelle les tiennes. Elle s’appelle Djamila.

vendredi 3 juillet 2009

Comme un interdit

On en est où ?
Miss Ylang Ylang m'a rendu mes armes, belle comme jamais ; ma Lou' est au soleil de la fin de la terre et dans les bras d'Eole ; une jolie gigolina est au coeur des paysages féeriques d'Oberwinter, lopin qui aurait plu à Gracq et à Breton je le sais.
On en est où ?
Dans un jardin, hors du temps, on réinvente le temps des copains, avec messieurs Paulin et Guillaume, comme les vieux, sur un banc, à Manosque. A l'Ami Pierre, CCA a des jambes bronzées qui nous aiguillent vers le beau bizarre. A l'Ami Pierre et ailleurs, Agnès est une belle amie si précieuse que j'aimerais, de loin, boire son chagrin classe et canaille pour qu'elle tue encore beaucoup de crevettes. En terrasse d'un bistrot, le camarade Leroy a l'élégance stylée des costumes en lin qu'il porte, l'été venu, du regretté ADG et de "Sauter les descriptions", le texte inoui qu'il publie, semaine après semaine, sur son blogue (http://feusurlequartiergeneral.blogspot.com/2009/06/sauter-les-descriptions-22.html).
On en est où ?
Les nuits de saoulerie, de rage de dents et d'insomnie, on se surprend à aimer Alain Robbe-Grillet en regardant "Glissement progressif vers le désir" sur une chaîne que mes amis et moi regardons aux mêmes heures. On reparlera de Robbe-Grillet car on reparlera de Olga-Georges Picot et de Anicée Alvina, mortes inoubliables.
On en est où ?
Un vendredi soir, éloignant les vieux désaccords du blues à coups de rosé made in corsica, on écoute, encore une fois, Christophe. "Comme un interdit", montage très pineupe. Hold-up parfait des sens. On écrira un jour sur les chansons de Christophe, comment elles ont forgé nos nuits, nos aubes. Avant on écrira autre chose. Il est temps, Christophe dans l'oreille, de mettre sa peau sur la table.